Dès les premières lueurs de l’aube de la Toussaint, le cimetière de Cabassou, à Cayenne, a accueilli des familles venant se recueillir auprès de leurs proches et fleurir leurs tombes.
Dans les allées, Joséphine Metella Diaye, responsable de la "cellule cimetières" à la municipalité, vérifie que tout se passe bien. Comme à son habitude, elle coordonne les équipes et répond aux demandes des administrés, cherchant à savoir où sont enterrés leurs proches.
Mais pour elle, comme pour toutes les équipes municipales guyanaises, la gestion des cimetières est loin de se restreindre au 1er novembre.
“Que ce soit avant le décès, pendant le décès ou après le décès, nous devons aider les familles à réaliser les démarches nécessaires, aider particulièrement ceux pour qui c’est un premier décès et qui sont un peu désorientés”
Joséphine Metella Diaye, en charge des deux cimetières de Cayenne
Une de ces tâches du quotidien, c’est par exemple de s’assurer que la personne est bien en droit d’être inhumée à Cayenne – si elle résidait et est décédée sur la commune ou si elle dispose d’une concession familiale dans un des deux cimetières municipaux - et le cas échéant, de trouver une place de libre.
Renouvellement des concessions
Un travail de plus en plus compliqué à mesure que la population augmente. Ainsi alors que la ville compte un peu plus de 45 000 concessions, la mairie de Cayenne réfléchit à l’ouverture d’un troisième cimetière, celui situé rue d'Estrées étant déjà saturé, et celui de Cabassou en passe de l’être dans les prochaines années.
La mairie a aussi entamé des procédures de renouvellement des concessions abandonnées. “Ce sont les concessions non entretenues depuis plus de dix ans. Nous notifions la famille, et si elle ne répond pas d’ici un an, nous pouvons récupérer la concession, placer les ossements à l’ossuaire et la concéder à une autre famille”, détaille la responsable des cimetières de la ville capitale.
Ce problème se pose à l’ensemble de la Guyane y compris pour les municipalités plus rurales très attractives comme Roura commune de 4000 habitants contre 3400 en 2021, ou Macouria dont la population a doublé en une décennie, atteignant environ 19 000 habitants.
“À Cacao, nous avons un cimetière en projet car pour l’instant les morts sont enterrés dans des résidences privées. Quant au cimetière de Roura, il est malheureusement trop restreint donc nous sommes en discussion avec une famille possédant un terrain privé attenant, en vue de le récupérer et d’agrandir le cimetière”
Jean-Claude Labrador maire de Roura.
La gestion des sépultures a aussi un coût pour les municipalités, celles-ci étant dans l’obligation légale de prendre en charge les "personnes dépourvues de ressources suffisantes" (PDRS), ceux que l'on appelait autrefois les "indigents", n'ayant pas de proche en capacité de prendre en charge leurs obsèques.
“Tous ceux qui meurent à l’hôpital de Cayenne et sont ensuite déposés à la morgue de Cayenne sont pris en charge par la mairie, c’est une obligation légale et comme beaucoup de personnes des communes de l’intérieur sont prises en charge et meurent à Cayenne, nous sommes particulièrement concernés”
Joséphine Metella Diaye, responsable de la cellule cimetières de la mairie de Cayenne
Entre la pression démographique, l'augmentation du nombre de personnes en situation de très grande pauvreté, et l'épidémie de Covid-19, le nombre de personnes ne pouvant pas être prises en charge par un proche n'a cessé d'augmenter ces dernières années. À titre d'exemple, le budget de Cayenne dédié à la prise en charge de ces personnes indigentes est passé de 65 000 euros à 150 000 euros, entre 2023 et 2024, selon la mairie.