Bac Panthère 973 de H.K Bronson est le premier livre sur la brigade anti-criminalité de Cayenne. Un roman noir, dont le théâtre principal se joue dans les bas fonds guyanais. L’auteur est un ancien policier. Au quotidien, ses hommes et lui sont confrontés à des situations extrêmes. L'enfer.
Ce livre se lit d’une traite, pas de répit. Ames sensibles s’abstenir. Le héros entraîne le lecteur dans sa spirale infernale. On le surnomme Joey ou encore Chopper car il est un fan d'Harley Davidson. C’est un flic, un vrai, un dur à cuire. Il est le chef de la brigade anti-criminalité de Cayenne et exerce son métier essentiellement la nuit. Son unité est spécialisée dans le flagrant délit et l’intervention rapide. Le livre est le récit de ses interventions dans les quartiers chauds comme la crique, le village chinois où évolue le bon comme le mauvais de l’âme humaine. Il côtoie des dealers, des prostituées, des toxicos, des voleurs, des meurtriers en fonction de ses missions sur le terrain avec son groupe. Et c’est édifiant.
Un flic désabusé
C’est, selon l’auteur, un livre fiction mais il est clair que cet ancien flic raconte ce qu’il a vécu. C’est également une critique du fonctionnement de la police aujourd’hui, faute de moyens conséquents. Comment de jeune gardien de la paix épris de justice, le héros est devenu un flic pur et dur à la frontière de la légalité, à deux doigts de franchir la ligne rouge. Il raconte notamment son parcours de combattant, pour faire reconnaitre la légitime défense après avoir tué un criminel. Joey a des états-d'âmes, il est dans une prison mentale et cherche à en sortir.
Ames sensibles s'abstenir
L’auteur est Mickaël Boulard, un ancien flic. Le livre écrit à la première personne, se lit d’un jet car les récits tiennent en haleine. L’écriture est nerveuse, photographique, teintée d’humour. Il raconte la vie d’une brigade de nuit mais aussi décrit les émotions, les désarrois, la vie de ses hommes. Dans le livre se ressent, un mal-être, un désabusement devant tant de déchéance humaine.
C’est ce que l’on appelle un polar, un roman noir où le héros est englué dans ses nuits écarlates : sexe, drogue, adrénaline, les amateurs du genre apprécieront. Le style est cru, réaliste, ponctué de références. C’est en Guyane, mais cela pourrait être à Pigalle ou dans le Bronx. Un livre qui se lit comme un scénario.
Bac Panthère 973 de H.K Bronson aux éditions Anovi
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Mickaël Boulard, un auteur qui assume ses pulsions
-Ce récit est il un récit autobiographique ?
Il s'agit d'une œuvre romancée aux accents autobiographiques. Elle reprend certaines expériences vécues par l'auteur (à 90%) mais aussi celles d'autres policiers de terrain.
-Les interventions que vous décrivez dans cette fiction sont elles réelles ?
Mon polar mêle réalité, réalité fictive et fiction. Les interventions comme les personnages sont des condensés de vécus. C'est ce qu'il convient de nommer "réalité fictive".
-Votre héros est devenu un flic désabusé, pourquoi cette lassitude grandit au fur et à mesure de ses missions ?
H.K BRONSON est un paradoxe. Intrinsèquement il alimente une forme de perversité dont il est la 1ere victime. Il ne supporte plus son travail et son contexte mais la dangerosité des missions lui permettent de se sentir exister. Pourquoi un tel dégoût progressif ? C'est l'administration Police qui en est à l'origine. Mais aussi le fonctionnement ubuesque du ministère de la Justice.
-Pourquoi avoir décidé d'écrire cette fiction ? Quelles ont été vos motivations ?
Écrire c'est créer avec un sentiment de divinité. Omniscience et omnipotence. C'est ce qui m'anime quand j'écris d'une certaine façon. Mais à l'origine j'ai commencé à écrire pour exorciser certaines douleurs personnelles et également permettre à d'autres flics de pouvoir se libérer émotionnellement. Il y a une réelle dimension cathartique.
-Vous êtes artiste peintre, coach de vie, auteur de polar, c'est une nouvelle passion qui commence ?
Je suis un profil multi-potentiel. Et j'ai toujours écrit, depuis enfant dirons-nous. Je savais lire dès l'âge de 3 ans...(ce que je peux prouver) donc je me suis intellectuellement nourri très tôt. Ayant fait par la suite des études de littérature et civilisation hispaniques et hispano américaines, je devais tôt ou tard créer mon propre univers littéraire avec ses codes langagiers et narratifs. J'ai l'âme artistique. Si je ne crée pas, si je ne transmets pas..je me meurs.
-Enfin un dernier mot, HK Bronson c'est un hommage à Charles Bronson le justicier ?
C'est juste. Il est un peu comme l'inspecteur Harry sauf qu'il n'est pas flic. Lassé des lenteurs de la Police il décide de faire justice lui-même. C'est une fiction. Personnellement je n'incite personne à devenir un shérif hors-la-loi. Mais j'interroge le lecteur sur le concept de légitime violence. Et pour finir il y a aussi la référence à Bronson le prisonnier le plus dangereux d'Angleterre... Sa folie m'a fasciné.