Centrale du Larivot : un véritable feuilleton économique et judiciaire

Le projet de centrale du Larivot est un véritable feuilleton économique et judiciaire. Depuis deux ans, le dossier fait polémique. D’un côté, les associations de protection de l’environnement qui s’opposent à ce projet devant la justice administrative. De l’autre, les porteurs du projet qui disent défendre l’intérêt général de la Guyane. Voici les grandes dates qui ont marqué ce dossier.

En août 2015, la loi de transition énergétique est votée. Objectif : parvenir à l’autonomie énergétique dans les départements d’outre-mer en 2030. Cela veut dire à terme plus d’importation de carburants pour produire de l’électricité.

Malgré tout, le projet de centrale thermique avance.
Fin 2016, début 2017, EDF choisit le terrain du Larivot à Matoury et abandonne l’option près du port de Degrad Des Cannes à Rémire-Montjoly.

En mars 2017, la centrale au fuel est actée dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) pilotée par l’Etat et la CTG. En juin 2017, son exploitation est autorisée par le Ministère de la transition écologique. Les ennuis commencent pour le projet.

Le 23 Juillet 2020, l’enquête publique aboutit à un avis défavorable, notamment car l’option du terrain à Degrad Des Cannes a été trop vite écartée, selon le commissaire enquêteur. Malgré tout, trois mois plus tard, en octobre, le préfet délivre l’autorisation environnementale pour la centrale, avec un changement annoncé les jours suivants par le gouvernement : l’usage de biomasse liquide à la place du fuel.

En juillet 2021, le chantier est suspendu par le juge des référés, car la centrale émettra trop de Gaz à effet de serre, et elle n’est pas prévue par le Schéma d’Aménagement Régional (SAR). Suspension annulée en février dernier par le conseil d’Etat en raison d’erreurs de droit commises par le juge des référés, selon les magistrat du conseil d’Etat.

 Le 28 avril dernier, le tribunal administratif, sur le fond cette fois-ci, annule l’autorisation environnementale. Il estime illégale la dérogation à l’interdiction d’atteinte aux espèces protégées sur le site du Larivot, par ailleurs, il n’est pas démontré selon les juges que les terrains près du port de Dégrad des Cannes n’étaient pas des « solutions alternatives satisfaisantes ».
EDF PEI, l’Etat et la CTG ont fait appel auprès de la cour administrative d’appel de Bordeaux. Par ailleurs, EDF demande à la même juridiction de se prononcer sur un « sursis à exécution » : si le tribunal répond favorablement, les travaux pourraient reprendre en attendant la décision sur le fond.

Cette demande de sursis à exécution sera examinée le 20 juin. A noter que le 20 juin, donc le même jour, le tribunal administratif de Cayenne examinera les recours déposés par Guyane Nature Environnement et France Nature Environnement contre le permis de construire et les autorisations concernant l’oléoduc de 14 kms entre le Port de Dégrad des Cannes et la centrale en projet.

Dernière date à venir dans ce dossier : l’arrêt définitif de la vieille centrale au fuel de Dégrad Des Cannes, hors normes et fonctionnant sur dérogation, est toujours prévu le 31 décembre 2023. A ce jour, cet objectif n’a pas été révisé.