Un projet qui a très peu de partisans. Le nouveau pont du Larivot bien qu’étant une infrastructure censée fluidifier et sécuriser la circulation, selon les avis majoritaires, ne répond pas aux besoins. Société civile et élus réclament une modification du projet.
Alors que l'enquête publique sur le projet de construction d’un deuxième pont, permettant le doublement des voies sur l’axe routier le plus fréquenté en Guyane – la rivière Cayenne et le pont Larivot - se termine ce 3 février, il n’y a pas d’adhésion autour du projet. Pire, il y a une quasi-unanimité des élus et de la société civile contre le format prévu. Rappelons que quotidiennement, près de 15 mille véhicules franchissent la rivière de Cayenne.
Une nouvelle vision pour la Guyane
Mardi après-midi à l’initiative du conseil économique social environnemental de la culture et de l’éducation de Guyane (CESECEG), plusieurs acteurs se sont retrouvés à la mairie de Macouria pour débattre de ce projet. Maires, députés ainsi que les délégués du CESECE ont largement échangé à propos des contours du projet. Tous les participants ont insisté sur la nécessité d’avoir une vision prospective de la Guyane.
De nombreuses réactions politiques
Selon le député Lénaïck Adam
« Ce projet ne correspond pas aux attentes des guyanais. Il faut le revoir. Les élus vont se réunir très vite pour évoquer encore ce cas et dire ce qu’il souhaitent pour le territoire et, cette infrastructure routière d’importance pour la Guyane »
Le maire de Kourou et président de l’association des maires du pays, François Ringuet est sur la même longueur d’ondes
« Il faut que l’on mette fin à ces projets par à-coup et que l’on ait une vision de la Guyane pour l’horizon des 50 prochaines années. Il faut que les autorités modifient ce projet en en entendant la population et ses représentants »
Cette réunion avec la possibilité pour les acteurs présents de parler d’une voix accordée au bout de deux heures d’échanges se veut un nouveau point de départ pour ce prochain pont du Larivot. Selon le premier magistrat de Macouria, Gilles Adelson, cette réunion a permis à la fois une concertation et la confrontation des avis. Pour tous, on semble loin du compte des attentes et des besoins des usagers de la route en Guyane
« Il est clair pour tous que ce projet n’est pas à l’image de ce que nous souhaitons pour nos enfants. Il nous apparaît fondamental que le projet soit revu et corrigé pour une adaptation plus réaliste de nos besoins ».
La démarche se veut collective, la société civile et les élus du territoire veulent obtenir une copie corrigée. Les services de l’Etat seront sollicités à ce propos
« L’enquête publique on peut la prolonger, la date de fin peut être prorogée. Il est clair que le projet tel qu’il a été conçu ne répond pas aux attentes des usagers de la route et de la classe politique guyanaise dans son ensemble. On va s’organiser pour se faire entendre du gouvernement, croyez-moi et pas question qu’on ait en face un chantage quant à l’utilisation des fonds promis »
a indiqué le député de la 1ere circonscription, Gabriel Serville.
Un rapport remis au préfet
Avec la fin de l’enquête publique, le CESECE Guyane, fort des informations recueillis ce conseil consultatif n’entend pas baisser la garde. Il va poursuivre auditions et collectes d’avis pour remettre son rapport à l’enquêteur public et aux autorités préfectorales
« Nous allons continuer à auditer, nous irons au contact des chambres consulaires, de la collectivité territoriale. L’objectif est de rendre un rapport bien argumenté pour qu’il y ait effectivement un projet modifié bien plus en réaliste et proche des besoins du territoire. Il y a consensus autour de cette nécessité, à nous de la faire entendre »
a souligné Ariane Fleurival, la présidente du conseil économique social environnemental de la culture et de l’éducation de Guyane. Ce projet de nouveau pont du Larivot fait déjà couler beaucoup d’encre. Sa mise en service est prévue pour 2024. Avec ce qui apparait aujourd’hui comme une discorde voir un rejet du projet initial, quelle suite sera donnée à cette opposition quasi-générale à cette structure importante pour le développement du pays ? En tout cas, cela ressemble à un dossier épineux sur lequel Etat, élus et société civile devront se pencher à nouveau dans l’intérêt du territoire en pensant aménagement du territoire et besoins effectifs.
Le reportage de Karl Sivatte:
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