COP 29 : l’engagement du Brésil et les exigences des Amérindiens

Le vice-président du Brésil, Geraldo Alckmin, à gauche, est assis à côté de Marina Silva, ministre brésilienne de l’environnement, pendant qu’elle s’exprime lors d’une conférence de presse au sommet sur le climat de la COP29 des Nations unies, mercredi 13 novembre 2024, à Bakou (Azerbaïdjan).
A la COP 29, à Bakou, en Azerbaïdjan, Le Brésil se veut exemplaire dans la lutte contre le réchauffement, et la protection de l’Amazonie. Objectif : une déforestation zéro. Outre le gouvernement, des représentants amérindiens du pays sont venus. Ils réclament au Monde la protection de leurs terres.

67% de réduction des gaz à effet de serre et déforestation zéro

 

Brasilia a tourné la page du climato-scepticisme de l'époque du président d'extrême droite Bolsonaro. À la COP 29, les représentants du pouvoir de gauche brésilien s’affichent comme leaders dans la lutte contre le réchauffement. D'ici 2035, le pays compte réduire de 67% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005. Tous les secteurs d'activité seront concernés. Par ailleurs, la protection de la forêt amazonienne devient un objectif absolu. Marina Silva, ministre de l'Environnement du Brésil, s’est voulu très ferme sur ce point :

 

L'engagement du gouvernement brésilien est de parvenir à une déforestation zéro. Et ce processus sera mené sur deux fronts : la tolérance zéro pour la déforestation illégale et la lutte pour que le modèle de développement du Brésil n'intègre pas la destruction de ses forêts.

Vaste programme face, entre autres, aux tenants de l’agro-business, qui veulent étendre leurs cultures, à ceux de l’exploitation minière…

 

Les Amérindiens du Brésil veulent aussi le soutien du Monde…

 

Une résolution qui intéresse au premier chef les populations autochtones. Leurs représentants sont même venus du Brésil jusqu’à Bakou. Certes, ils apprécient les orientations des dirigeants actuels de leur pays avec notamment la création d’un ministère des peuples indigènes. Celui-ci leur permet à ceux-ci d’être mieux écoutés et d’obtenir des actions en leur faveur. Mais certains déplorent une tendance conservatrice au sein du pouvoir qui paralyserait l’action du gouvernement. Il « n’a pas avancé comme il était censé le faire » déplore Ninawa Inu Pereira Nunes. Et justement sur des dossiers comme celui de l’Amazonie, le président de la Fédération du peuple Huni Kuin, (État de l’Acre, Brésil) ne cache pas ses inquiétudes : « avec les nouvelles négociations qui sont menées actuellement, cela nous rend inquiets quant à l'acceptation de l'exploration pétrolière en Amazonie, par exemple. »

D’où l’importance de prendre la Terre entière à témoin et de ne pas se fier seulement à son propre pays : « C'est aussi un plaisir de pouvoir partager ici tout ce qui se passe dans notre communauté, qui n'est pas discuté aux grandes tables de négociation et qui n'est pas vu par les différentes parties du monde. Il y a des impacts majeurs qui touchent nos communautés. »

 

Surtout que selon les Autochtones brésiliens, leur lutte, notamment pour préserver la forêt, est utile à tous les humains.

 

…via un appel émouvant. Sera-t-il entendu ?

 

Une délégation spécifique de femmes amérindiennes du Brésil a aussi fait le déplacement à Bakou pour le dire aux délégués de toutes les parties du Monde. Elles appellent donc à œuvrer pour la justice climatique et à les aider à protéger les territoires ancestraux de leurs peuples.

Lucimara Patté, cofondatrice de l'Articulation Nationale des Femmes Autochtones Guerrières de l’Ancestralité (ANMIGA) et conseillère technique du Secrétariat Spécial pour la Santé Indigène (SESAI) n’a pas hésité à tenter d’émouvoir les participants à la conférence :

 

« Nous ne pouvons pas nous arrêter, nous n'aurons pas de planète B, nous n'avons pas de planète B. Nous devons protéger ce qui nous appartient, le protéger ici et maintenant.

Le Brésil est un pays magnifique, riche et diversifié. Vous êtes tous les bienvenus au Brésil. À votre arrivée, vous découvrirez un pays merveilleux. Et vous comprendrez pourquoi nous nous battons, pourquoi nous demandons au monde de protéger les peuples autochtones, de protéger cette richesse et cette beauté. Pourquoi nous nous battons et crions pour la protection de nos territoires. Notre territoire est notre vie, c'est notre corps ».

Ninawa Inu Pereira Nunes, 50 ans, de Feijo (Brésil), de la communauté Huni Kui, pose pour une photo lors du sommet sur le climat de la COP29 des Nations unies, jeudi 14 novembre 2024 à Bakou (Azerbaïdjan)

Les Amérindiens, sont clairement en pointe dans la lutte pour l'environnement, particulièrement au Brésil. Et leur discours porte parfois. Récemment, la COP 16, sur la biodiversité qui se tenait à Cali en Colombie, a reconnu les personnes d'ascendance africaine et les peuples autochtones comme responsables clés des efforts de conservation dans ce domaine. Reste à savoir s'ils seront aussi bien entendus à la COP 29...