Sur les réseaux sociaux, les échanges entre internautes sont virulents, en cause la délicate question de l’énergie en Guyane. Revient sur le tapis, la gestion de l’état, des collectivités et d’EDF sur l’alimentation électrique du territoire guyanais. Impréparation, incurie, lobby écologiste, tout y passe.
Une gêne pour les professionnels comme pour les particuliers
Après une deuxième nuit dans le noir beaucoup d’usagers s’inquiètent car pour certains d’entre eux, ces coupures soulèvent des questions de pertes de marchandises, d’inconfort, de santé et d’insécurité.
Pour ce boulanger de Rémire-Montjoly, les coupures répétées lui ont occasionné un manque à gagner important :
« C’est compliqué … nous avons eu des pertes sur certains produits car les chambres froides ont cessé de tourner pendant plusieurs heures. Les employés et moi-même n’avons pas pu travailler durant plusieurs heures, nous sommes en rupture de stocks de viennoiseries… »
C’est une situation très handicapante pour ce professionnel qui assure le gros de sa production la nuit.
Pour les particuliers, ces coupures représentent une somme tracas plus ou moins bien gérés selon les situations personnelles.
Louise, 80 ans souffre d’apnée du sommeil, elle dort avec un appareil (un PPC – Pression Positive Continue) qui lui insuffle de l’air via un tube et un masque elle est aussi malade du cœur. Dans la nuit du 9 août, elle s’est mise à étouffer et a vraiment cru sa dernière heure arrivée :
« J’ai mis deux minutes à comprendre que l’appareil ne fonctionnait plus et que je m’étouffais. J’ai d’abord cru c’était mon cœur. Tout cela est très angoissant ! ».
Heureusement cette personne âgée a encore suffisamment de vitalité pour se gérer et ne pas paniquer.
Pour d’autres travailleurs, les deux dernières nuits ont aussi été éprouvantes.
Ludivine habite Macouria, habite la résidence « Belle humeur » et a subi trois coupures cette dernière nuit. Ces interruptions dans son sommeil n’ont pas altéré son humeur mais son énergie oui. Il a fallu ouvrir portes et fenêtres pour espérer un peu de fraîcheur. Hélas cela a plutôt permis aux moustiques, nombreux dans cette zone, d’envahir les lieux et piquer très fort les habitants.
« J’espère que cette situation ne va pas trop durer, deux nuits c’est beaucoup à rattraper. Si cela continue, je pense qu’il y aura un mouvement de grève … Par ailleurs le sentiment d’insécurité est grand, car sans électricité, nos caméras de surveillance ne fonctionnent plus, il fait totalement noir mais heureusement nous avons des chiens. »
Jean réside à Matoury, non loin de la Matourienne. Il peste contre ces coupures répétées et qui durent plus longtemps qu’ailleurs :
« Nous ne sommes visiblement pas dans une zone privilégiée car nous avons de grosses coupures qui durent entre 6 et 7h. C’est la 3e que nous vivons en 24h, c’est lassant surtout que cela se passe en pleine nuit. C’est fatiguant, usant surtout lorsque l’on commence tôt le matin. La communication est déficiente. Il y a un manque de clarté sur ce qui se passe réellement… ».
Petit-Saut indisponible et d'autres délestages sont à prévoir
Sur ce point un communiqué du Ministère des Outre-mer fait état :
« Ce matin à 1h58, la ligne HTB Petit-Saut Etoile est détectée en défaut. Le défaut ne crée pas d’incident généralisé mais provoque un délestage de stade 4. Les moyens de production thermique sont restés couplés au réseau et permettent l’alimentation électrique.
Depuis 7h30, toute la clientèle du littoral est réalimentée par les moyens de production thermique disponibles. La ligne d’évacuation des groupes hydrauliques de Petit Saut est toujours indisponible.
Edf SEI est mobilisé pour réparer la ligne et a fait appel à des renforts du groupe EDF dont Enedis pour approvisionner les matériels et l’expertise pour s’assurer, à la demande du ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, qu’une réparation définitive soit réalisée.
La ville de Saint-Laurent-du-Maroni a été isolée et devrait être rapidement reconnectée au réseau principal. Des groupes électrogènes de Guadeloupe seront acheminés dans les prochains jours pour parer à toute défaillance.
Tant que la réparation définitive n’est pas réalisée; des messages de modération de la consommation seront portés pour éviter ou limiter les éventuels délestages nécessaires.
Le ministre chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco suit de très près l'évolution de la situation et se solidarise avec l'ensemble des agents d'EDF mobilisés sur le terrain pour rétablir le service, ainsi qu'avec les élus et la population concernée. »