Ce lundi matin, le public n'a pas été reçu dans les locaux de la SPADA, à Baduel. La totalité des agents de la structure, mais aussi ceux du dispositif d'HUDA, exercent leur droit de retrait.
"Cela fait plus d'un mois que, lorsque nous arrivons sur notre lieu de travail, nous sommes obligés de quémander pour pouvoir pénétrer la structure", raconte une employée qui souhaite préserver son anonymat.
Elle ajoute :
Nous nous faisons insulter, menacer... et cela est dû au flux migratoire très important. Il faut savoir qu'au niveau de la Préfecture, au pôle asile, nous n'avons pas pu avoir de rendez-vous au GUDA (guichet unique des demandeurs d'asile) pendant trois mois. Il faut savoir également que la Préfecture a fermé le bureau pour les cartes de séjour. De ce fait, ça a engendré un stock de personnes et les étrangers se retournent vers la Croix-Rouge pour obtenir un droit de séjour.
Un nouveau fonctionnement qui pose problème
Selon l'explication de la salariée, la Préfecture a mis en place un nouveau système d'accueil : par ordre alphabétique. Par exemple, ce lundi, les personnes dont le nom de famille débute par A et B avaient rendez-vous. "Cela signifierait que la SPADA devrait contrôler chaque jour qui recevoir ou non", indique l'agent de la Croix-Rouge. Une situation qui, selon elle, expose les agents aux potentielles violences de demandeurs d'asile mécontents.
Cette procédure est discriminante envers les personnes. Nous ne sommes pas contre la migration. Nous dénonçons un système mis en place. Il pose en plus problème sur la voie publique, car quand nous faisons appel aux autorités, elles refusent d'intervenir.
Finalement, les agents de la SPADA souhaitent revenir à leur ancien fonctionnement pour un retour au calme. Ils entendent poursuivre le droit de retrait jusqu'à obtention d'une réponse de la part de la Préfecture de Guyane.
De nombreux demandeurs laissés dans l'incompréhension
Mais les demandeurs d'asile, venus nombreux ce 29 juillet, ne s'attendaient pas à un tel accueil. Mexandre, par exemple, est entre colère et incompréhension. En Guyane depuis 2017, il en est à sa deuxième demande d'asile. Il est revenu ce jour pour un autre rendez-vous.
C'est une forme de violence. Les droits des immigrés ne sont pas respectés ! Ils prennent des décisions quand ils veulent. J'ai déjà pris mon rendez-vous quand c'était en ville, ils l'ont annulé aussi. A chaque rendez-vous qu'ils donnent, on vient. Certains sont avec des enfants. Ils ne les respectent pas. On vient sous la pluie, sous le soleil ! Certains viennent de Kourou, Mana, Saint-Laurent.
Mexandre, demandeur d'asile
Sur place, il y avait aussi le député de la première circonscription de Guyane, Jean-Victor Castor, qui devait s'entretenir avec une entreprise voisine, gênée par la situation. Il dit comprendre les agents qui exercent leur droit de retrait.
Les salariés, ce sont eux qui sont en première ligne. Il y a déjà eu des incidents. On ne peut pas laisser du personnel en situation d'insécurité. La Croix-Rouge est obligée d'embaucher des vigiles. Le personnel de la Croix-Rouge est en permanence sous tension et arrive, de façon professionnelle, à juguler - autant que faire ce peu - la première partie du process. Mais après, ça ne marche pas. Il faut que la Préfecture assure la sécurité.
Jean-Victor Castor, député de la Guyane