Diego 29 ans, aurait été tué suite à l'explosion de son airbag en Guyane : sa famille témoigne

La famille Flores Campos et son avocate, Me Corinne Boulogne Yang-Ting
En septembre dernier, Diego Flores Campos a perdu la vie après un accident de la route. L'enquête vient de conclure que ce ne serait pas le choc qui a provoqué son décès, mais l'explosion de son airbag.

Sur les photos de famille, Diego, son frère Joao et leurs parents posent, tout sourire. Originaires du Pérou, ils ont fui les troubles politiques de leur pays d’origine pour s’établir il y a plusieurs dizaines d’années en Guyane. C’est ici que Diego, l’aîné et Joao, le cadet, ont grandi et réussi leur intégration professionnelle.

Diego, à droite, pose avec son frère Joao et ses parents

La photo date de quelques années à peine et témoigne d’un bonheur familial. Aujourd’hui, les sourires ont disparu. La famille Flores Campos se retrouve amputée de Diego. En septembre dernier, le jeune homme de 29 ans utilise la voiture de son père, une Wolkswagen, pour faire quelques courses au bourg de Matoury, non loin du domicile familial. Parce qu'elle ne voit pas revenir son fils, sa mère l’appelle sur son portable. C’est un gendarme qui décroche. Il lui annonce que son enfant a eu un accident. Lorsqu’elle arrive sur place, avec son fils cadet, Diego est décédé.

La voiture de Diego, après l'accident

Plainte contre le constructeur pour homicide involontaire

Ce mardi, presque cinq mois après les faits, chez Maître Corinne Boulogne Yang-Ting, Joao et ses parents prennent connaissance des conclusions de l’enquête. Pour l’officier enquêteur, le décès du jeune homme « serait dû à une défectuosité de l’airbag de son véhicule ». En résumé: s’il y a bien eu un choc entre deux véhicules, ce n’est pas celui-ci qui a causé le décès de Diego, qui roulait à 50 kilomètres/heure. La voiture est placée sous scellés, l’airbag envoyé pour expertise dans l’Hexagone. La famille affirme ne jamais avoir reçu de courrier les invitant à faire changer les airbags du véhicule. Cette étape, d'envoi de courrier était pourtant une des mesures prises face au scandale des airbags défectueux de la marque Takata.

Face à l’avocate, spécialiste du préjudice corporel et de l’indemnisation, Joao et ses parents  affirment leur intention de porter plainte contre le constructeur, Wolkswagen, pour homicide involontaire. « J’attends la justice » affirme le père de Diego, avant d'éclater en sanglots.

La famille de Diego, mort en septembre 2024 souhaite porter plainte pour homicide involontaire contre le constructeur automobile

Carole, morte "la mâchoire complètement déchiquetée"

Les parents de Carole Mathurin, décédée en 2020 sur la Matourienne ont eux aussi entamé une action en justice. Trois ans après le drame, Philippe Mathurin, le père de la jeune femme de 37 ans, racontait le drame.  « Carole a emprunté la Matourienne. En s’engageant sur le rond-point, elle suit une voiture à basse vitesse et la heurte. Aussitôt le conducteur descend du véhicule et trouve Carole ma fille, avec l’airbag déployé, morte au volant avec la moitié du visage défiguré, la mâchoire complètement déchiquetée. Le médecin constate le décès à 16h32, le 10 décembre. Les premières constatations ont été que l’airbag était complètement transpercé de petits trous. Suite à cela elle, a été autopsiée. Le médecin légiste a trouvé une particule de ferraille qui s’était logée dans le tronc rachidien. Elle est morte sur le coup (…). J’ai été convoqué quelques jours après. L’adjudante qui m’a reçu m’a certifié qu’ils ont retrouvé la trace d’un code barre sur la partie de métal trouvée dans son corps. Il était évident que l’explosion venait de la mise à feu de l’airbag. »

Une autre victime désormais en situation de handicap

Toujours en Guyane, l’avocate Corinne Boulogne Yang-Ting représente une autre victime potentielle de ces airbags mortels. « Ce père de famille âgé de 32 ans à l’époque, a subi un gros traumatisme et est désormais en situation de handicap. Il a déposé plainte directement contre le constructeur automobile. »

Si l’avocate parle des victimes dont elle a connaissant, elle demeure persuadée que le nombre des personnes concernées en Guyane est sans doute plus important. « À l’époque, on n’allait pas chercher de ce côté-là en cas d’accident. Peut-être qu’on a incriminé à tort, alors qu’en réalité il s’agissait d’une défectuosité de l’airbag. »

Quels véhicules sont concernés?

Aujourd'hui, la campagne de rappel des airbags Takata est toujours en cours.  Sont concernés : des véhicules construit entre 1998 et 2019 des marques : Audi, BMW, Cadillac, Chevrolet, Chrysler, Citroën, Cupra, Dodge, DS,  Ferrari, Ford, Honda, Jeep, Land Rover, Lexus, Mazda, Mercedes, Mitsubishi, Nissan, Opel, Seat, Skoda, Subaru, Suzuki, Toyota, Volkswagen. La liste est mise à jour régulièrement sur le site des Ministères de l'aménagement du territoire et de la transition écologique.

Le témoignage de la famille de Diego est à retrouver ci-dessous.