O Mayouri : « Différents aspects de la musique guyanaise, la musique populaire créole », d'Emile Lanou, hommage à la musique guyanaise

« Différents aspects de la musique guyanaise, la musique populaire créole » d’Emile Lanou. Un essai pour comprendre et structurer la musique qualifiée de guyanaise, au-delà des mythes.

« Différents aspects de la musique guyanaise, la musique populaire créole populaire » d’Emile Lanou est un livre qui tente de comprendre les fondements de la musique guyanaise. Comme le dit l’auteur, il faut aller au-delà du mythe et démontrer que la musique guyanaise dans son ensemble est une partition globale qu’il s’agit juste d’écouter. Emile Lanou part d’un constat : la musique locale ne revendique pas d’identité propre à l’instar d’autres musiques du monde. Un constat entraînant une remise en question permanente, créant un flou artistique savamment orchestré.

Des rythmes, des chants....

La musique guyanaise, ce sont des rythmes, de chants, des mélodies nourris par l’histoire des communautés peuplant la Guyane. Certes, il existe des musiciens dont le répertoire est ancré dans les mémoires, mais il y a la conception de la musique elle-même, les bases, les notes, les sons. Ces derniers évoluent en même temps que la société et racontent l'histoire. Ce livre analyse les époques et cherche le lien, la justification, inscrivant ainsi, le patrimoine musical dans une identité propre.

Un auteur engagé 

Emile Lanou

L’auteur se décrit comme un artiste essayiste militant, qui rend ses lettres de noblesse à la musique de Guyane. Une musique marquée par cette réputation funeste attachée au pays depuis des siècles. Ecouter certaines chansons, c’est entendre l’âme guyanaise. C’est un essai de 444 pages. Une œuvre de réflexion et de référence très complète et très poussée qui s’adresse certes au grand public mais aussi aux chercheurs, aux universitaires, aux étudiants.

De la biguine au dancehall

L’auteur a identifié et décortiqué les époques successives mais aussi tous les styles musicaux connus de Guyane : les musiques traditionnelles, créoles, bushiningués, amérindiennes, carnavalesques, le reggae, le jazz... Beaucoup d’artistes s’y reconnaîtront. Ce livre patrimonial est illustré de photographies d’artistes, de groupes, d’orchestres. Une chose est sure, au terme de la lecture, la musique guyanaise apparait comme bien présente, appartenant à une forte identité culturelle. Il suffit juste d’y croire et de la valoriser.

« Différents aspects de la musique guyanaise, la musique populaire créole populaire » d’Emile Lanou. emile.lanou@gmail.com

Le Coup de coeur du libraire :


"L'évangile du Nouveau monde" de Maryse Condé paru chez Buchet-Chastel

Le soir d'un dimanche de Pâques, un nouveau-né est déposé dans le jardin de monsieur et madame Ballandra, horticulteurs passionnés qui créent les plus belles roses du monde. Pascal est très beau, le teint brun, les yeux gris vert pareils à la mer qui entoure le pays. Mais d'où vient-il ? N'est-il pas l'enfant d'un dieu ? La rumeur porte cette nouvelle et de nombreux signes vont l'amplifier tout au long de sa vie.

Emile Lanou, un auteur engagé pour la musique guyanaise
  • C’est votre deuxième ouvrage sur la musique guyanaise, c’est une suite logique ?

Ce deuxième ouvrage n'est pas la suite du premier. Cependant, le thème reste le même, à savoir la musique créole populaire. Si le premier tentait d'expliquer comment les Créoles sont passés de la musique traditionnelle à la musique populaire, par l'entremise des instruments de la lutherie européenne, vingt ans après le second est une photographie de la musique populaire d'aujourd'hui, avec de jeunes artistes qui revendiquent une musique guyanaise.

  • Que voulez vous démontrer avec cet ouvrage ?

Je n'ai pas l'ambition de vouloir démontrer quoi que ce soit. Je veux surtout rassurer ceux qui sont dans le doute, à cause de ces questions qui agressent au quotidien : qui est Guyanais ?  Il y a-t-il une identité guyanaise ? Le postulat est simple. La musique guyanaise est inscrite dans son passé. Si des hommes et des femmes  la revendiquent et se retrouvent au travers de ses rythmes et de ses mélodies. La boucle est bouclée. 

  • C’est un livre très bien documenté, comment avez-vous procédé ?

Comme tout le monde, par mes propres connaissances, mes lectures, des témoignages et les Archives Territoriales.

  • Selon vous comment créer une identité forte pour que la musique guyanaise soit identifiée dans le monde ? 

Tous les pays qui imposent leur musique U. S. A , Cuba, Japon... ont bénéficié d'une volonté politique. Les acteurs culturels guyanais sont esseulés dans ce combat permanent pour la reconnaissance et la promotion de leur art. Ceci explique pourquoi, malgré les artistes les plus populaires comme Fanny J ou Victor Clet aucun ne fait l'unanimité. En outre, la mazurka, qui a donné le "piké djouk et ses dérivés, qui est peut-être la seule authenticité populaire guyanaise en ce moment, ne trouve pas un écho retentissant dans la masse, malgré l'engouement des jeunes. La MTC de Robert Dédé est marginalisée tout comme le Béliot de Djmso. Comme le dit si bien Djabar, il faut, entre autres, revenir à la musique au tambour pour y extraire une substance qui sera à l'image de la Guyane. Je ne suis qu'un (petit) musicien, mais un militant de longue date qui a trouvé dans les textes des auteurs Guyanais une maturité trop longtemps négligée. Le rôle de la musique est également de faire prendre conscience afin de mieux appréhender demain. Il est toujours difficile de parler de soi. Je suis retraité. J'ai longtemps milité auprès des élèves de l'école élémentaire Léopold Héder avec Monsieur Rodolphe Cayol. Dans cette école d'un quartier défavorisé de la banlieue sud de Cayenne, nous avons mis en place des ateliers de musique. J'ai publié un recueil de chants traditionnels : Chants de Guyane à l'usage des écoliers (1998), un conte : La Roche dorée de l'Approuague (1998) et Itinéraire de la musique instrumentale en Guyane (2001).