La "StraMeLo" de l’ARS Guyane présente les premiers éléments de ses travaux de recherche pour lutter contre l’exposition aux métaux lourds

Le 11 mai 2022, les premiers résultats des recherches réalisées dans le cadre de la Stratégie Métaux Lourds (lancée par l'ARS et la Préfecture de Guyane) ont été présentés. L'une des études démontre qu'il existe un lien entre la consommation de manioc / la chasse et les niveaux d’imprégnation au mercure relevé chez des enfants.

Lutter contre les intoxications aux métaux lourds. C'est l'objectif fixé par l’Agence Régionale de Santé et la Préfecture de Guyane en lançant la Stratégie Métaux Lourds (StraMeLo). Mise en place en 2021, les travaux se poursuivront jusqu’en 2025.

Le mercure et le plomb sont au cœur des travaux. Mercredi 11 mai 2022, les premiers éléments des recherches débutées par les professionnels ont été présentés. Les résultats concernent la chasse, l’agriculture et, bien sûr, l’alimentation, indique l’ARS dans La Lettre Pro du 13 mai.

Un lien établi entre la chasse, le manioc et le plomb

Dans le cadre des recherches, les scientifiques ont notamment travaillé aux côtés de chefs coutumiers. Ils ont commencé à prélever une quinzaine de variétés différentes de manioc dans quatre abattis répartis autour de Saint-Georges de l’Oyapock. Les échantillons de tubercules seront analysés pour déterminer la quantité de plomb qu’ils contiennent.

Justement, l’une des premières études réalisées (en mai 2021) dans le cadre de la StraMeLo, par une équipe de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), de l’ARS et de l’hôpital de Cayenne, a permis d’établir un lien entre la consommation de manioc et/ou la chasse et les niveaux d’imprégnation au mercure relevé chez des enfants.

Les taux de plombémie des enfants variaient entre 5,7 et 35 microgrammes par litre, tous dépassant 5 microgrammes par litre, la valeur de référence proposée dans les études épidémiologiques pour le saturnisme. Parmi les différentes sources alimentaires, les tubercules de manioc et le gros gibier contenaient des concentrations élevées de plomb alors que les plats à base de manioc étaient dilués.

Etude - Childhood lead exposure of Amerindian communities in French Guiana: an isotopic approach to tracing sources

« L'activité agricole est basée sur la culture du manioc »

Ainsi, la consommation de plats à base de manioc contribuerait principalement à la plombémie (indice de la quantité de plomb dans le sang) des enfants amérindiens en Guyane, selon les résultats obtenus par les scientifiques. Ils ajoutent que ces résultats "n'excluent pas l'exposition occasionnelle aux balles de plomb par les activités de chasse."

L'activité agricole est basée sur la culture du manioc. Et le fait que l'on explique que cette pratique ancestrale peut induire des risques graves pour le développement de l'enfant, peut sérieusement affecter leur équilibre alimentaire et leur cohésion culturelle.

Etude - Childhood lead exposure of Amerindian communities in French Guiana: an isotopic approach to tracing sources

Il est donc important, selon les chercheurs, que des solutions soient trouvées pour les populations affectées. Dans un rapport du 15 janvier 2022, l’IRD rappelle que les populations situées sur le long du fleuve Oyapock sont doublement contaminés, le mercure étant également très présent.

Ce métal lourd serait déjà naturellement présent dans les sols, mais diffusé dans l’environnement par les activités humaines comme la déforestation. Le mercure est, en plus, largement utilisé par les orpailleurs, qui le rejettent dans l’atmosphère et dans les cours d’eau.