Cap sur Ouanary, à 1h30 de pirogue de Saint-Georges, dans l’embouchure de l’Oyapock, face au Brésil. À bord d'une embarcation, des adjoints au maire en colère. Pour comprendre, il faut remonter la rivière Ouanary jusqu’au point d’arrivée des pirogues dans le bourg de la commune.
Des pêcheurs illégaux soupçonnés
Dans la nuit du 1er au 2 novembre, la passerelle d’accès à l’appontement a disparu. Il y a un grand vide, là où il y avait une passerelle inclinée qui permettait de passer en toute sécurité du ponton flottant à l’appontement métallique. Les élus soupçonnent les pêcheurs illégaux brésiliens.
Il rentrait à grand vitesse, je lui ai demandé de faire demi-tour. Donc il est arrivé tout près et a dit que finalement, il va juste s'amarrer ici. Je lui ai dit non, qu'il n'avait pas le droit de s'amarrer ici donc de partir. Mécontent, il est reparti et dans la nuit, plus de passerelle.
Alain MESMIN, 1er adjoint au maire de Ouanary
Autre incident. Le 6 octobre, après une altercation entre le maire et un illégal brésilien, une pirogue de la commune et une autre appartenant au maire sont volées.
La présence des pêcheurs clandestins, un problème de longue date. Selon le 1er adjoint, les pêcheurs brésiliens se rendent souvent à Ouanary pour pêcher, et ce avec des filets non réglementaires.
Des conditions de voyage risquées
L’escalier d’accès au ponton est hors d’usage pour le moment. Pour se rendre au bourg, les Ouanarais doivent désormais attendre la marée haute ou alors, quand il y a assez d’eau, glisser en bateau sur la vase jusqu’au débarcadère.
On accoste dans des conditions très peu sécurisées avec de vraies risques pour les personnes, qu'elles soient âgées ou non.
Jérôme LABA, 2ème adjoint au maire de Ouanary
Le bourg de Ouanary est relié à la rivière par une digue de 800 mètres. Il y a aussi un canal, que peuvent emprunter les pirogues légères à marée haute. À cause de l’envasement, les bateaux plus lourds ne passent pas.
Comble de malchance, l’autre pirogue de la mairie volée le 6 octobre venait d’être mise en service pour le transport des Ouanarais. Sans moyen public, les habitants se déplacent vers Saint-Georges à leurs frais… 500 euros pour affréter un transporteur privé (aller et retour). L’autre solution, c’est d’avoir sa propre pirogue... quand elle n’est pas volée. C'est ce qui est arrivé à Gérard, il y a cinq ans.
La pirogue, c'est comme notre voiture ici. On en a besoin pour aller à Saint-Georges [...] J'ai travaillé toute une année (pour acquérir sa pirogue, NDLR) et en espace d'un petit moment, tu perds tout ça. Donc c'est dur quoi.
Gérard BORDES, habitant de Ouanary
Gérard soupçonne les chercheurs d’or clandestins, présents en amont de la Ouanary. La commune compte près de 80 habitants, y compris ceux qui font le va-et-vient depuis le littoral. Tous attendent de l’aide.
Une commune à vocation touristique
Ce jour-là, un groupe de visiteurs est venu passer le week-end sur place, en arrivant à marée haute. Ouanary, une commune à vocation touristique et agricole, mais pour mener à bien son projet de développement durable, la municipalité réclame la sécurité et le désenclavement.