Des opérations programmées mardi 14 février dans les salles du bloc opératoire du Centre Hospitalier de Cayenne ont, une nouvelle fois, été reportées. La faute, une fois de plus, à des fuites d’eau dans une salle, mais aussi dans un couloir d’accès au bloc. Elles sont liées à un problème récurrent d’étanchéité dans le toit du bâtiment concerné.
Les élus de l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) ont alerté la direction mardi matin, puis diffusé des vidéos de ces fuites. "Ce qu'on découvre dans le bâtiment en arrivant, c'est de l'eau [...] et à un endroit bien particulier : le couloir qui mène aux salles d'opération", explique Frédéric Inglis, infirmier anesthésiste, élu UTG Santé au CSE du CHC. Il poursuit :
Ce passage-là est obstrué par une belle et grande flaque d'eau. Une eau qui vient du toit, donc forcément qui est infestée de bactéries quand on voit l'état du toit. Et donc, la décision est d'appeler les collègues en disant : 'nous avons un gros problème, on ne pourra pas opérer dans ces conditions-là, parce qu'on est dans l'insalubrité'.
Des zones de stockage du matériel stérilisé ont aussi été touchées par les fuites. Résultat : le matériel doit être jeté ou restérilisé. L’UTG santé dénonce aussi un manque de transparence de la direction sur ce problème de fuites, alors que des alertes sont lancées depuis un an. La commission de suivi promise par la direction n’a pas été constituée, selon l’UTG.
Seule une salle touchée, selon la direction du CHC
De son côté, la direction de l’hôpital évoque seulement les fuites dans une salle du bloc, la salle 4, qui a donc été fermée le 14 février... Mais rien sur les autres lieux signalés par l’UTG Santé. Elle ajoute même : "une salle sur huit a été fermée" et "les fuites repérées ont été réparées dans la matinée d’hier".
L’hôpital confirme que "les opérations programmées [mardi] ont été reportées pour permettre aux équipes en charge des réparations de travailler plus rapidement" et que "la fermeture de la salle impactera peu le fonctionnement du CHC qui bénéficie de sept autres salles". L’UTG précise que deux salles sont réservées aux interventions de gynécologie obstétrique, donc il reste cinq salles disponibles pour les autres opérations.
"Il est irresponsable de laisser mourir l’hôpital"
Face à cette actualité, le député Jean-Victor Castor a adressé un courrier au ministre de la Santé et de la Prévention (François Braun) et à la directrice de l'Agence Régionale de Santé (Clara de Bort), ce 14 février. "Il ne s’agit pas ici que de murs, de toit et de fondations. L’hôpital de Cayenne ne répond pas aux exigences et besoins de santé publique et ce en dépit des alertes des personnels soignants engagés et épuisés", affirme l'élu.
Il est irresponsable de laisser mourir l’hôpital et les patients avec. Des malades qui vont être réacheminés vers Saint-Laurent ou Kourou, quand on sait que c’est vers Cayenne que sont emmenés les cas les plus graves. Des décisions politiques à la hauteur s’imposent. La mienne est connue publiquement : construire un CHRU neuf. Elle s’inscrit dans la durée et dans la cohérence du développement de ce territoire
Jean-Victor CASTOR, député de la 1ère circonscription de Guyane
"Pour les mesures urgentes, j’attends que votre représentation sur le plan local et vous Monsieur le ministre, preniez les mesures adéquates", a conclu le député.
Des travaux en cours, malgré un retard
Par ailleurs, des prélèvements auraient été réalisés pour valider la réouverture de la salle 4. En attendant les résultats, elle reste fermée. Notez que des travaux ont démarré en décembre 2022 au bloc opératoire, pour apporter une étanchéité totale à l’air humide et à l’eau à l’ensemble des salles. C'est 5 mois de retard par rapport à la date donnée, au départ, à l’UTG Santé.