Haïti : la pandémie de Covid-19 fait craindre le pire

Approvisionnement à une borne d'eau à Haïti
En Haïti la situation empire de jour en jour, déjà plus d'une cinquantaine de morts à travers le pays. Les autorités sanitaires incitent les malades à se rendre dans les centres hospitaliers dès l’apparition de signes. Entre crainte et peur, les chiffres
 
Ce que craignaient les autorités de Port-au-Prince se confirme au fil des jours, le nombre de cas avérés de Covid-19 ne cesse de grimper en Haïti. Si Jovenel Moïse, le président haïtien et son gouvernement ont beaucoup œuvré en matière de préventions et consignes de vigilance auprès de la population depuis plusieurs semaines, les structures font défaut pour une couverture de masse.
Pour l’heure, le pays enregistre 3662 cas avérés et 56 décès et la pandémie semble prendre de l’ampleur sur l’ensemble du territoire. Dans le département de l’Ouest, celui de la capitale Port-au-Prince on ne dénombre pas loin des 2/3 des cas confirmés du territoire. Delmas, Piétonville, Tabarre, Carrefour et Croix-des-Bousquets et Port-au-Prince sont les localités où le virus circule le plus dans cette partie Ouest du territoire.
 

Des chiffres contestés

Les équipes médicales présentes en Haïti estiment pour leur part que les statistiques sont loin de traduire la réalité. Selon ces experts, les personnes ressentant des symptômes liés au Covid ne se rendent pas dans les centres de soins ou à l’hôpital de peur d’être stigmatisées.
L’ONG Médecins sans frontières estime particulièrement difficile de pouvoir quantifier avec précision le nombre de personnes atteintes du Covid-19 en Haïti. Si la distribution de masques ou cache-nez et la multiplication des consignes de vigilance relayées par les médias se sont multipliées, une partie de la population se heurte à la question des moyens.
 

Du matériel pour faire face

Des centaines de tonnes de matériels ont bien été acheminées via le tarmac de l’aéroport Toussaint-Louverture avec des masques, du gel, des lits, des respirateurs pour ne citer que ces matériels pour faire face à la pandémie, mais cela semble insuffisant. C’est une commande d’un peu plus de 18 millions de dollars qui a été passée. Certes le matériel est là mais, le peuple d’Haïti sait devoir compter sur sa capacité à résister et à surtout compter sur lui-même. Pour l’heure, l’aide internationale est minime eu égard aux besoins  du pays. Marie Greta Roy Clément, la ministre de la Santé Publique et de la population (MSPP), ne cesse d’appeler la population à être vigilante et d’adopter les gestes-barrières pour éviter que cette pandémie ne tourne à la catastrophe « On a recensé beaucoup de cas de transmission communautaire, la population est priée de respecter les principes d’hygiène afin de limiter la propagation de la maladie ».
 

Le recours à la médecine traditionnelle 

A travers le pays, certains ont recours, en cas de fièvre, à des plantes médicinales et plantes amères. Les autorités sanitaires appellent toutefois à une utilisation modérée de ces plantes et breuvages, elles invitent la population à opter de préférence pour des contrôles en hôpital. Si le MSPP entend valoriser la médecine traditionnelle, il indique nécessaire de privilégier d’abord des tests en laboratoire, pour l’heure aucun médicament traditionnel n’a reçu d’autorisation de mise en vente sur le marché.
A côté des difficultés liées à la pandémie, il y a la problématique de ces milliers de personnes qui ne peuvent se nourrir convenablement. Malgré les maraudes et distributions de kits ou rations alimentaires, la faim est là et difficile pour les autorités d’état ou les ONG de subvenir aux attentes de tous tant les besoins sont énormes. Pas simple donc de gérer à la fois la quête de nourriture tout en s’appropriant les gestes-barrières face à la covid. Les experts s’attendent à une forte croissance du nombre de cas dans les prochaines semaines et surtout du nombre de décès.