Journée mondiale de la malbouffe : la Guyane n’échappe pas à ce problème de santé publique

La malbouffe, un problème sanitaire qui touche la Guyane
Ce 21 juillet est la Journée mondiale de la malbouffe. Une action commerciale instaurée dans les années 50 aux Etats-Unis à la gloire du hamburger. Depuis, elle est davantage devenue une tribune pour alerter sur les effets délétères de la malbouffe. L’occasion de s’interroger sur nos mauvais comportements alimentaires dans une société façonnée pour consommer toujours plus au détriment, souvent, des règles élémentaires de santé.

Alors si, à l'origine, ce 21 juillet doit être une journée décomplexée, nous autorisant à manger moult hamburgers, pizzas et autres hot-dogs considérés comme les éléments les plus représentatifs de la junk food, c’est aussi le moment, a contrario, de se rappeler que la malbouffe tue.

Tous les ans, plus de 11 millions de personnes meurent dans le monde de la malbouffe. Entre autres pathologies, la mauvaise alimentation génère des maladies cardiovasculaires, des cancers, le diabète et l’obésité.

Autant de maladies qui sont très prégnantes en Guyane. En cause, bien sûr, de mauvaises habitudes alimentaires qui conduisent à une consommation excessive de graisse, de sucre et de produits ultra-transformés. Et à cela se rajoute le manque d’activité physique au sein d’une société de plus en plus sédentaire.

En 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé évaluait à 1,9milliard le nombre de personnes souffrant de surpoids dans le monde, un fléau sanitaire aux multiples conséquences touchant tous les pays qu'ils soient développés ou non.

Un Guyanais sur deux en surcharge pondérale

Dans une enquête, datant de 2014, réalisée par l’IRD et intitulée « Alimentation et nutrition dans les départements et régions d’Outre-mer », plus d’un Guyanais sur deux (52 %) se déclarait en surcharge pondérale.

Le Docteur Liliane Thelusme, médecin nutritionniste, responsable de l'unité transversale de nutrition du Centre Hospitalier de Cayenne, prend, notamment, en charge des personnes souffrant de surpoids en lien avec la malbouffe. Mais, il ne s’agit pas, pour la praticienne, de diaboliser le choix alimentaire de ses patients :

« Dans ma pratique, je ne diabolise aucune alimentation, il s’agit davantage d’informer, d’éduquer et d’amener progressivement à changer les habitudes en profondeur… C’est difficile de changer les habitudes en général car il y a beaucoup de déterminismes qui conduisent à un acte alimentaire comme la publicité, l’éducation, la transmission, les goûts. Les critères qui conduisent à un choix alimentaire sont multiples. Le changement de comportement n’est pas automatique. La première étape c’est donc l’information sur les aliments en faisant ressortir que certains sont plus bénéfiques que d’autres. »

La santé mise à mal par l’offre marketing

La question du coût des aliments entre aussi en ligne de compte et sur ce point, il faut trouver les arguments qui vont pousser les personnes à privilégier ce qui est bon pour leur santé. S’orienter à nouveau vers les marchés, acheter des produits de saison suggère le Docteur Thelusme. En bref, transformer son budget sodas et autres chips en fruits et légumes par exemple. Essayer de retrouver du plaisir dans d’autres aliments.
Pour cela, il faut arriver à faire fi de la publicité commerciale redoutablement efficace.
Chaque semaine, les boîtes aux lettres se remplissent de dépliants publicitaires proposant des promotions de sodas, gâteaux, snacks, charcuteries et autres viandes de basse qualité. Ces offres marketing se retrouvent aussi sur les réseaux sociaux, à la télévision et au final, partout autour de nous. Une publicité infiltrée qui, conditionne, malgré nous, nos choix alimentaires.

Une enquête de terrain pour adapter la politique de santé

Il n’y a, évidemment, pas de recette miracle pour combattre le phénomène de la malbouffe qui touche toutes les strates de la population. Informer et éduquer dès le plus jeune âge semble essentiel mais s’adapter aux différents publics aussi. D’où l’utilité de former des médiateurs en santé pour apporter l’information de base sur l’alimentation, notamment, aux populations les plus précaires, ou éloignées de l’éducation explique le Docteur Thelusme.

Une enquête sur la consommation alimentaire des Guyanais a été menée de janvier à juin 2023, la première du genre en Guyane. Elle a concerné 1600 ménages des communes de Cayenne, Matoury, Rémire-Montjoly, Macouria, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni et Mana. Cette enquête fournira des résultats essentiels sur l’alimentation et permettra d’adapter les actions de santé publique au contexte guyanais. La restitution devrait se faire au début de l’année 2024.