Cette étude porte sur 3 années et s’appuie sur une moyenne de 600 prélèvements effectués tous les ans. Elle met en évidence la très bonne qualité bactériologique de l’eau du robinet pour 99% des habitants abonnés au réseau.
Un taux d’aluminium élevé mais régulé
Toutefois, on constate aussi une augmentation du taux d’aluminium. Les dépassements chroniques se sont multipliés par cinq entre 2019 et 2021. Selon les zones cette concentration en aluminium dépasse la limite réglementaire. Des dépassements qui concernent plus particulièrement les zones urbaines. Ils altèrent légèrement la qualité de l’eau sans toutefois provoquer un risque sanitaire pour la population.
Un état de fait mais qui n’est pas alarmant pour les spécialistes. Christophe Dalphrase, directeur des exploitations à la SGDE (Société guyanaise des eaux) :
« L’aluminium est une référence de qualité et non une limite de qualité, les deux critères pris en compte dans la réglementation sur l’eau. La limite de qualité entraine une non-conformité sur le produit et la référence de qualité indique un dépassement par rapport à une référence. La présence d’aluminium dans l’eau potable en Guyane peut être de plusieurs origines. A la base 90% des eaux utilisées pour la production d’eau potable sur le territoire guyanais sont des eaux de sources. Au niveau des eaux de surface, des eaux brutes prélevées dans le milieu naturel dans les fleuves et rivières, il y a de l’aluminium présent. Souvent cet aluminium est déjà supérieur à la référence de qualité qui est de 200ug/l. On se trouve dans un territoire où il y a beaucoup de pluie, du lessivage de sols où se concentre l’aluminium qui, dès qu’il arrive dans les bassins versants s’ajoute à la concentration naturelle dans l’eau déjà supérieure à la réglementation. ».
Un projet pilote sur le traitement de l’eau en 2023
Pour le spécialiste, il n’y aurait pas forcément une interaction avec la forte pluviométrie car il existe naturellement une forte concentration naturelle d’aluminium dans les sols. Mais faut-il savoir que pour fabriquer de l’eau potable, on utilise sur 95% des filières de traitement, un coagulant à base de sel d’aluminium qui permet de regrouper toutes les matières en suspension coloïdales dans l’eau. Cela se rajoute à l’aluminium des eaux brutes.
La SGDE s’efforce dans ses traitements d’eau potables de respecter la référence. D’ailleurs, cette année, un projet pilote va être lancé à Saint-Laurent-du-Maroni. Il est basé sur l’automatisation des injections des réactifs dans la filière de traitement de l’eau pour abaisser le taux d’aluminium et ainsi se rapprocher le plus possible de la référence de qualité. Si le système fonctionne il sera appliqué dans d’autres unités d’eau potable en Guyane.
Par ailleurs, s’agissant des contrôles des eaux, certains sont réalisés de façon inopinée sur les unités de production par l’Agence régionale de santé mais la SGDE effectue également en permanence de l’auto contrôle. La collaboration est régulière entre les deux organismes et permet de faire des propositions de traitement des eaux aux différentes collectivités de Guyane.
A noter que l’usine d'eau potable de Matiti qui dessert Macouria, une partie de Montsinéry et le haut de Matoury, est une des unités de production de Guyane qui n’utilise pas de sel d’aluminium comme coagulant de matières organiques mais un sel de fer. Donc, on ne retrouve pas d’aluminium dans cette eau.