Dave Drelin, le PDG de Yana Wassaï, l'usine de transformation agroforestière, affiche sa satisfaction, l’appel à collecte d’awaras partagé sur les réseaux sociaux a fonctionné à plein régime :
« Nous sommes victimes du succès ! Enormément de gens nous ont amené des awaras, les fruits comme les graines. Dans leur grande majorité les gens ont beaucoup joué le jeu cela nous a permis de récupérer des volumes relativement conséquents qui avoisinent les 15 tonnes. Et pourtant la majorité des collectes ont été faites à Rémire-Montjoly, Cayenne, Kourou et un peu à Sinnamary. Lorsque l’on sait que le plus gros gisement de ces palmiers se trouve sur l’ouest, cela laisse imaginer le potentiel. »
La saison n’est pas terminée, ajoute le transformateur, mais avec qui a été collecté, nous allons extraire la pulpe, faire du jus concentré et de la pâte. Des amandes, nous extrayons à froid, l’huile, et nous fabriquons du beurre.
Sur ce point Dave Drelin apporte une précision. Des analyses sont en cours pour comparer les propriétés du tchot cho artisanal, huile obtenue à chaud et réputée pour ses vertus médicinales, et celles de cette huile extraite à froid. Des huiles qui entrent dans la composition de produits cosmétiques.
Sur le plan gastronomique, la pâte d’awara, notamment utilisée pour la fabrication du bouillon d’awara sera, dans un premier temps, vendue pour les professionnels de la restauration et d’ici peu dans les centres commerciaux.
Une filière de saisonniers agro forestiers ?
Le système de collecte a très bien fonctionné auprès de la population. Le kilo de fruits ou de graines était acheté 80 centimes. Ainsi, le premier week-end, un groupe d’amis a ramassé une tonne d’awaras et empoché ainsi 800 euros. De quoi motiver de futurs ramasseurs pour les prochaines saisons.
Ces 15 premières tonnes de cette graine vertueuse ont été achetées 12 000 euros mais elles permettent surtout à l’usine de Montsinéry, mise en service au mois de septembre 2022, de « prendre doucement son envol » admet Dave Drelin. C’est une richesse énorme offerte par la biodiversité amazonienne dont profitent encore si peu les Guyanais.
« C’est nous qui avons tardé à croire aux potentiels de notre terre qui, tous les jours, nous rappelle sa richesse. Les débouchés sont là je ne suis pas inquiet » souligne Dave Drelin.
Cette année ces 15 tonnes d’awaras seront transformées le plus rapidement possible pour éviter l’altération du produit. Une telle récolte permet d’être confiant en l’avenir.
L’usine fonctionne à flux tendu avec 9 salariés. L’équipe va devoir être étoffée rapidement pour répondre aux enjeux souligne le chef d’entreprise : « Je suis dans cette phase critique où la trésorerie devrait rentrer et me donner ainsi la possibilité d’embaucher. En attendant pour chaque saison nous prenons quatre à cinq intérimaires en plus ».
La campagne de ramassage des awaras s’achève et déjà va démarrer la collecte du wassaï. Les cupuaçus commencent aussi à produire.
A Montsinéry, l’usine Yana Wassaï semble sur la bonne rampe de lancement.