C’est un drame qui se joue tous les jours dans la forêt de Guyane, véritable refuge pour plusieurs centaines d'espèces sylvestres remarquables.
29 000 hectares de forêt détruits
Longtemps épargnée, la forêt subit de plein fouet les bouleversements climatiques et parmi les menaces figure l'orpaillage clandestin. Chaque année, 600 à 700 hectares de forêts sont détruits par les chercheurs d’or. Au total, depuis 2003, le cumul de forêts détruites en Guyane à cause de l'orpaillage s'élève à 29 000 hectares. L’équivalent de plus de mille terrains de football ont, ainsi, été rasés
Des réserves d’eau amoindries
Les conséquences de l’orpaillage illégal sur l’eau sont aussi préoccupantes puisque plus de 40 % des masses d’eau du territoire guyanais ne sont plus conformes aux directives européennes. Une étude réalisée par une équipe du laboratoire « évolution et diversité biologique » de Toulouse révèle d’autres effets. On constate la disparition des grands mammifères comme le jaguar et de nombreuses espèces de poissons en aval des régions déforestées et soumises à l’orpaillage.
Le réchauffement climatique menace la forêt
Avec 5.500 espèces végétales et 1.400 espèces animales, la Guyane est la plus grande réserve de biodiversité française, ce qui la rend d'autant plus sensible aux changements climatiques. Le risque de modifier le fonctionnement de la forêt équatoriale inquiète.
Le rapport GuyaClimat a revu à la hausse les dernières estimations de Météo France sur le réchauffement climatique : les températures n'augmenteraient pas de 1°C mais de 1,5°C à 4°C. Une évolution qui risque d'avoir des conséquences importantes pour la faune et la flore. D'après une étude de l'UMR EcoFog (Unité mixte de recherches Écologie des Forêts de Guyane, qui dépend notamment du CNRS), au-delà de 31°C, la forêt tropicale humide évolue en forêt tropicale sèche.
La baisse des précipitations
Et cette autre alerte sur l’environnement avec le changement climatique : la baisse des précipitations. Cela peut sembler difficile à croire en Guyane où il pleut beaucoup et pourtant c’est un fait déjà observé par les scientifiques sur les forêts de l’Amazonie brésilienne. La baisse des précipitations, c’est aussi une menace due au changement climatique sur l'Amazonie. Le Giec, le groupe d'experts sur le climat de l'ONU, estime cette baisse de -20 à -30% d'ici à 2100.
2100, c’est dans moins de 80 ans et pour demeurer une forêt humide, un certain seuil de chaleur ne doit pas être atteint.
La hausse des températures joue également sur les espèces marines. On le constate dans les océans, avec la féminisation des populations de tortues
Les tortues marines en danger
Cette hausse des températures perturbe aussi la reproduction de certaines espèces animales comme les tortues marines. Pour les tortues, c'est la chaleur du nid qui détermine le sexe. Plus le nid est chaud, plus il y aura de femelles. Avec la hausse des températures, on assiste donc à une féminisation des populations qui met en péril la reproduction. En 10 ans, les pontes des luths ont chuté en Guyane, passant de 9.516 en 2009 à seulement 828 en 2022 d'après l'association Kwata.
Et, enfin, il ne faut pas oublier un autre danger pour les eaux côtières de Guyane : la pêche illégale.
De nombreux navires clandestins continuent de déployer d’immenses filets dérivants, ce qui représente de véritables pièges marins pour les espèces océaniques.