La leptospirose, maladie du rat, a fait un décès en Guyane

Avec les fortes pluies de ces derniers mois, la leptospirose est de retour. Cette maladie selon la lettre de l’ARS du 25 mars, aurait déjà fait un décès, et plusieurs patients seraient actuellement en réanimation. En moyenne, une quarantaine de cas sont diagnostiqués par an en Guyane.

La leptospirose ou maladie du rat est actuellement en recrudescence sur le territoire. Selon la lettre de l’ARS du 25 mars, plusieurs patients sont actuellement pris en charge en réanimation et une personne est décédée. Une dizaine de cas en février et autant en mars, trois à quatre fois plus que d’habitude depuis environ six semaines, sont diagnostiqués. Le dernier épisode de cas groupés remonte à mai 2020. La plupart des malades vivent à Cayenne, des cas ont également été recensés à Rémire-Montjoly. 

Professeur Pierre Demar Magalie, laboratoire du CHC, Unités des maladies infectieuses et tropicales, CHC

Nous avons un nombre plus important de cas. Là en l’espace de très peu de temps entre les suspicions et les confirmations, nous avons eu entre dix et quinze cas par mois depuis fin janvier au centre hospitalier de Cayenne. Lorsqu’il y a des quantités d’eau plus importantes, comme ces dernières semaines, il y a des incidences qui augmentent. C’est connu. Ces quantités d’eau plus importantes entraînent des contacts prolongés, avec l’homme. En Guyane nous n’avons pas d’incidence comme aux Antilles ou à la Réunion.. Pour autant il faut appeler à la vigilance, porter des chaussures et protéger les habitations en cas d’inondations et de décharges à proximité.

Professeur Pierre Demar Magalie, laboratoire du CHC, Unités des maladies infectieuses et tropicales, CHC

Conséquence des fortes pluies : un cocktail explosif

Les fortes pluies de ces derniers mois, en effet, ont généré des inondations, à proximité de décharges sauvages, dans des quartiers informels où pullulent des rats. Un cocktail explosif. La leptospirose est une maladie bactérienne dont les  principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats. Ils excrètent la bactérie dans leur urine. Le leptospire, qui ressemble à un petit ver, de la taille d’une bactérie, est très résistant. Résultat, il suffit d’avoir une petite coupure ou une blessure au niveau du pied et de marcher en savate ou tong dans une flaque contaminée, pour être infecté.

Le réservoir ce sont les rongeurs, éléments importants dans la transmission, en ce sens qu’ils vont transporter cette bactérie qui va se retrouver dans des milieux extérieurs, de l’eau boueuse par exemple. La contamination se fera soit par contact direct avec la peau soit par des lésions, des plaies. Il peut y avoir transmission par d’autres animaux eux-mêmes contaminés par les rongeurs.

Professeur Pierre Demar Magalie, laboratoire du CHC, Unités des maladies infectieuses et tropicales, CHC

Des symptômes courants

Chez l'homme, la maladie est souvent sans danger, mais peut conduire à l'insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas. Les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de la dengue : fièvre, douleurs, maux de tête...

 

C’est une pathologie qui peut rester bénigne. Mais il y peut y avoir des atteintes cérébrales et rénales en fonction des espèces. Il faut savoir qu’elle peut guérir d’elle-même. Un patient peut redevenir asymptomatique sans forcément avoir un traitement antibiotique. Il peut en conséquence avoir une sous-évaluation des cas.

Professeur Pierre Demar Magalie, laboratoire du CHC, Unités des maladies infectieuses et tropicales, CHC

La leptospirose se traite par antibiotique et son délai d'incubation est de 3 à 10 jours. Il existe un vaccin qui immunise seulement contre une forme « la Leptospira icterohaemorrhagiae », l'immunité dure environ 2 ans.