L’invention du pneu et le boom de la production automobile (comme de bicyclettes…) ont contribué à la fièvre du caoutchouc naturel à partir de la fin du XIXe. Celui-ci entre encore dans la composition des pneumatiques avec entre autres des caoutchoucs synthétiques à base de pétrole.
Difficile d’avoir des plantations d’hévéas en Amazonie comme en Asie
Les vastes plantations comme celles d’Asie (Thaïlande, Indonésie, Vietnam…) ont répondu à cette demande, remplaçant la production du Brésil et de ses voisins. Les plantations ont été en effet très peu nombreuses sur la terre d’origine de l’hévéa : l’Amazonie. Car un champignon, le Microcyclus Ulei y sévit. Il provoque la maladie sud-américaine de l’hévéa qui détruit ses jeunes feuilles. La plantation tentée par Ford en 1930 au Brésil, a ainsi tourné au désastre.
Le champignon se propage facilement dans les plantations mais difficilement dans la nature comme la forêt amazonienne. Les hévéas y sont trop disséminés. On peut cependant, au passage, penser que ce champignon a indirectement protégé la forêt amazonienne des défrichages massifs que la culture intensive de l’hévéa aurait inéluctablement entrainés.
A noter qu’il y a eu dans le passé (début du XXe) une plantation à Montsinéry en Guyane.
La Guyane, un des berceaux de l’exploitation du caoutchouc à grande échelle
C’est d’ailleurs en Guyane qu’aurait été amorcée l’utilisation massive du caoutchouc par les Européens. Une résine élastique dont les Portugais se servaient déjà dans la région. Elle leur était fournie par les Amérindiens, premiers utilisateurs. L’explorateur scientifique français Charles Marie de la Condamine arrive à Cayenne en 1744 à la suite d’une mission au Pérou. En traversant la forêt amazonienne, il a appris l’existence d’un arbre appelé hévé par les autochtones. Lorsqu’on l’incise, il laisse couler un liquide blanc qui brunit et durcit au soleil tout en restant souple. En Guyane, la Condamine en parle à François Fresneau de la Gataudière, un ingénieur de la marine auteur de multiples inventions. Passionné de botanique, celui-ci avait, par exemple, créé une machine pour éliminer les fourmis rouges qui dévastaient les champs de manioc de la colonie. Dès 1946, l'ingénieur parcourt la forêt guyanaise pour trouver cet arbre dont la résine s'appellerait "cachuchu".
Le mémoire qui propose l’utilisation généralisée du caoutchouc
En 1751, la Condamine présente le mémoire rédigé par François Fresneau. Celui-ci propose notamment d’utiliser le caoutchouc pour enduire les impériales et harnais de carrosses, de fabriquer avec ce matériau des fourreaux de fusils, des pompes à incendie, des vêtements de plongeur, des bottes, des manteaux, des parapluies… Il lance ainsi l’imperméabilisation avec le caoutchouc, qui, comme son élasticité, est encore largement utilisée aujourd’hui dans de nombreux domaines…
L’oeuvre de Fresneau est décrit dans le livre de François de Chasseloup Laubat, « François Fesneau seigneur de la Gataudière père du caoutchouc » édité chez Plon en 1942.
Bien entendu, d’autres inventeurs ont ensuite trouvé de nouvelles utilisations du caoutchouc (pneus…) mais le rôle de l’ingénieur de la marine a été fondamental dans l’emploi massif de ce matériau au fil du temps.