Yolaine Bolor présidente de l’association locale ANMONM (Association Nationale des Membres de L’ordre National du Mérite) nous explique l’objectif de cette conférence intitulée « La déliaison humaine : « Pensées pour un retour aux valeurs humanistes, constitutives de l’identité humaine » :
« Notre association a longtemps été en sommeil. Nous redémarrons des activités et organisons cette conférence dans le cadre du 60e anniversaire de la création de l’Ordre National du Mérite. Nous avons sollicité Mr Moomou en sa qualité d’historien, il nous a proposé cette thématique sur la déliaison qui nous a paru correspondre parfaitement avec les valeurs d’humanisme et de solidarité que nous promouvons. »
La déliaison appliquée à la Guyane
Dans son sens étymologique le terme déliaison évoque la rupture, la distanciation, en sociologie « la déliaison sociale désigne la perte du lien entre un individu et son milieu social ». L’historien conférencier Jean Moomou nous donne quelques éléments du propos qu’il va présenter au public :
« Le terme déliaison est de plus en plus employé. On constate que la liaison qui existait entre les hommes se défait. Il y a de plus en plus de distanciation entre les hommes, si on prend l’exemple du numérique on se rend compte qu’il provoque l’isolement, les interactions sont virtuelles. Il y a d’autres signes de plus en plus préoccupants qui se sont pas nouveaux mais qui se sont amplifiés dans la société comme le trafic d’êtres humains, le racisme, la xénophobie, la négation de l’altérité. Mon propos sera d’expliquer les facteurs de cette fragilisation de l’humain. »
Le conférencier cite notamment l’économie libérale, la désacralisation de la vie, la banalisation du mal, de la mort, la fragilisation du lien social au nom de l’affirmation de soi qui fait sortir la part d’animalité qui sommeille à l’intérieur de chaque être humain et explique parfois les dérapages comportementaux observés au cours de l’histoire de l’humanité. Autant de faits globaux qui seront, naturellement rapportés à la réalité locale guyanaise.
« En Guyane, il y a des liens de solidarité qui, de plus en plus, nous échappent par exemple la tradition du « mayouri », aider les malades. On avait cette forme de don de soi qui ne résiste pas à la fameuse formule : je n’ai pas le temps. Les personnes sont prises par le travail, d’autres activités… »
Cette conférence « tout public » est proposée ce jeudi 29 février à 18h00 à l’Espace Ho Ten You de Rémire-Montjoly.
Quelques éléments biographiques sur Jean Moomou
Docteur en histoire et civilisations (EHESS), Habilité à diriger des recherches (Université Toulouse II Jean Jaurès), Professeur des universités en histoire, INSPE, Université de Guyane. Il étudie l’histoire du fait colonial à travers les discours et les représentations des pratiques sociopolitiques de l’esclavage chez les populations d’origine africaine du monde amazonien et des Antilles. Son champ d’intervention touche également à l’anthropologie des sociétés orales marronnes bushinenge du Surinam en Guyane française. Il est sensible à la problématique de l’histoire par les lieux, les arts et l’architecture, le lexique et les cultures sensibles. Il a publié deux monographies, codirigé deux ouvrages, et publié une trentaine d’articles dans des revues scientifiques à comité de lecture et une trentaine de chapitres d’ouvrages.