Le président Emmanuel Macron a été réélu ce 20 avril et ainsi que le prévoit la constitution, l’assemblée nationale doit maintenant être renouvelée. Cela sera chose faite le 19 juin. L’objectif, étant, pour le président de la République, d’obtenir une majorité confortable afin d'appliquer son programme politique.
En Guyane, les déclarations de candidatures pour les législatives ont commencé depuis le mois de décembre 2021. La liste des impétrants s’est étoffée au fur et mesure des mois et comporte désormais près de 25 candidats répartis entre les deux circonscriptions.
En 2017, il y avait 11 candidats dans la 1ère circonscription et Gabriel Serville de Péyi Guyane, candidat à sa succession l’avait finalement emporté avec 51,3% des suffrages, battant d’une courte tête, la candidate Joëlle Prévot-Madère de La République en Marche créditée de 48,67% des voix. Elu à la tête de la Collectivité territoriale de Guyane le 28 juin 2021, Gabriel Serville a été contraint de démissionner de son poste de député laissé vacant depuis. Et visiblement cette situation a aiguisé les appétits. Actuellement, on recense près de 19 déclarations de candidatures dans cette circonscription qui regroupe 8 des 22 communes de Guyane. Une situation singulière qui prête à interrogations.
Faiblesse des partis et expression de la démocratie directe
Selon Tania Berland-Sandot, ancienne directrice du CNFPT, cela peut s’expliquer à deux titres :
« … des partis qui ont des visions brouillées et une démocratie participative qui s’exprime. Les gens considèrent qu’ils ont des choses à dire et se présentent individuellement pour trouver des tribunes. Il n’est plus question d’idéologie. Cela est aussi dû à la faiblesse des partis politiques aujourd’hui discrédités et en qui la population n’a plus confiance. »
L’ancien sénateur Antoine Karam, lui aussi, apporte ces même éléments de réponses :
« L’effondrement des partis politiques contribue à cette situation. Auparavant, c’était essentiellement les partis politiques qui présentaient leurs candidats. Aujourd’hui on considère ne pas avoir besoin de l’aval de camarades d’un parti pour se présenter à une élection. Tout un chacun pense qu’il a la capacité à le faire dès lors qu’il en a le droit et ce sont les réseaux sociaux qui sont les tribunes d’expression. »
Il s’appesantit sur le cas particulier de la 1ère circonscription :
« Cela montre que la démocratie est de plus en plus vivante. Elle permet à tout citoyen qui bénéficie de tous ses droits civique de pouvoir se présenter à une élection quel qu’elle soit. Autre remarque, dans le cas présent, sur la 1ère circonscription, l’absence de député en fonction fait qu’il n’y a pas de prime au sortant, cela autorise la multiplication des candidatures. Mais, il faut attendre la période officielle de dépôt car entre ceux qui ont des intentions et se sont déclarés et celles et ceux qui iront véritablement à la préfecture faire acte de candidature, il y a un certain chemin. »
Antoine Karam rappelle que pour ce type d’élection, il faut des moyens financiers importants, mettre en place un compte de campagne, un mandataire financier, une organisation stratégique. Dans la seconde circonscription qui comprend 14 communes dont certaines sont très enclavées et non accessibles par la route, il n’est pas simple d’aller faire campagne au plus près des électeurs.
Faut-il rajouter que cette multiplication de candidatures ne peut que favoriser l’abstention toujours plus forte en Guyane qu’il s’agisse d’élections nationales ou mêmes locales. Les dernières municipales en sont l’exemple. Alors concernant ces législatives comment seront élus ces candidats ? Une fois l’écrémage du premier tour effectué, les candidats pourraient être encore nombreux au second tour, finalement avec quel pourcentage de voix de la population guyanaise, les gagnants parviendront-ils au terme de ce combat électoral?