Les créoles brésiliens et guyanais se donnent rendez-vous à Saint-Georges

Le pont de l'Oyapock qui marque la frontière entre le Brésil et la Guyane
Le créole, une langue fédératrice, de la Guyane, au Brésil. Ce samedi 10 août, l’université brésilienne Unifap, à Oiapoque, accueille la restitution des travaux, du collectif « Frères sans frontières ». Le but de cet événement est la création d’un laboratoire linguistique franco-brésilien, consacré au créole.

L’association « Les Frères sans frontières » mène des recherches depuis 11 mois sur la langue créole. Ce collectif travaille de concert avec des chercheurs brésiliens, guyanais, et la population amérindienne du Brésil, qui parle le créole au quotidien.

En effet, si en Guyane, le créole est une langue régionale reconnue, du côté brésilien, il existe également toute une frange de la population qui parle créole.

Ce créole est la langue maternelle d’amérindiens de l’Etat de l’Amapa : les « karipuna », et les « Galibimarworno ». Rien d’étonnant à tout cela, car avant que le fleuve Oyapock devienne la frontière naturelle, entre le Brésil et la Guyane, les amérindiens vivaient déjà sur les deux rives.

L’arrivée des colons européens, la fuite des africains et de leurs descendants pour échapper à l’asservissement, ont eu pour conséquence un brassage linguistique culturel, sans précédent, avec les peuples autochtones de la région.

L’organisateur de cette réunion, Benoit Waddy, à lui tout seul, résume, cette vallée de l’Oyapock, son père est saramaka de la communauté "bushinengué", et sa mère est brésilienne.

Waddy Benoit, passionné d'histoire

mon association a des membres aussi bien brésiliens que guyanais. On veut valoriser le créole, la culture, et l’histoire de l’Oyapock. On veut que le créole soit reconnu dans les administrations brésiliennes d’Oiapoque, car c’est la première langue parlée dans certains villages autochtones

Waddy Benoit

membre du collectif "les frères sans frontières"

 

Le campus Unifap binacional

Un séminaire de travail international

Cela fait déjà un an, que des travaux sont menés pour structurer la stratégie de valorisation du créole. Ce séminaire a pour objectif la rencontre entre les associations de valorisation du créole en Guyane, comme « Rakaba », l'entreprise "Pindjoko"et les chercheurs brésiliens.

Ernestine Bocage

J’ai participé à une première rencontre en juin dernier, à Oiapoque, avec cette association. C’est assez impressionnant, de voir des communautés amérindiennes, qui parlent le créole, et d’un point de vue linguistique, c’est très intéressant, et cela soulève de nombreuses interrogations, pour moi en tant que chercheuse en linguistique, passionnée d’histoire, car leur créole, est le même utilisé par Alfred Parépou, dans son roman « Atipa ». Je suis une spécialiste du roman Atipa, le premier roman écrit en créole, publié en 1885, à Paris. Donc cette initiative, a un réel intérêt pour la valorisation du créole

Ernestine Bocage

passionnée de linguistique, essayiste en langues et cultures régionales

Parmi les chercheurs brésiliens, des caciques, des chefs coutumiers de villages amérindiens, des étudiants, issus des communautés autochtones de Guyane, et des chercheurs venus de Rio de Janeiro.

Le collectif "des frères sans frontières", veut créer un laboratoire linguistique consacré à la valorisation du créole.

Notre volonté est que ce créole soit reconnu, par les autorités brésiliennes. Il est déjà enseigné dans certaines écoles au Brésil.  Des politiciens sont prêts à nous soutenir, pour que des lois soient votées, et le créole valorisé 

Waddy Benoit

ITW Waddy BENOIT ©P L / V Porphyre