La Guyane possède une diversité linguistique, ancrée dans la constitution de la société. Plus d’une trentaine de langues rythment la vie des habitants de la Guyane. Français, amérindien, créole, bushinengué, chinois, anglais, brésilien, arabe…
Ce forum délimite son champ, et part à la découverte, ou à la reconquête des langues amérindiennes, bushinengués, créoles.
C’est donc, la communauté amérindienne qui ouvre cette manifestation, dédiée aux langues régionales.
Tapinkili Anaiman, membre de la communauté Wayana, nous transporte, dans son univers, et plus précisément, sur les origines de la réalisation du dictionnaire bilingue analogique « Wayana au cœur des mots- Wayana omi jatëku».
L’étude de la langue wayana, à l’école primaire dans son village, la rupture avec sa langue maternelle au collège, son envie de répertorier à cette époque, les mots, leurs significations, pour enfin aboutir à ce travail collégial, mené, avec les « mémoires vivantes » de sa propre communauté. Des difficultés, à retranscrire, les mots, les sensations, dans la langue de Molière, à sa collaboration avec une ethnolinguiste, Eliane Camargo, il ne cache rien à l’auditoire, de toutes les péripéties qu’il a subi afin de réaliser ce dictionnaire.
cela a été un travail de longue haleine, mais pour moi c’était fondamental d’avoir ce véritable outil de préservation de ma culture.
Tapinkili Anaiman
Les secrets des chants wayampi révélés
Après le dictionnaire, une autre délégation présente un ouvrage innovant sur les chants wayampi du Haut-Oyapock.
Ce travail, mené avec le chef coutumier Jacky Paway, Jérémie Mata et Luc Lassouka, nous entraîne dans toute la symbolique des chants wayampi. C’est une première, la réalité augmentée au service du savoir ancestral sur la musique de cette communauté. On scanne les pages, on a de la musique wayampi, une musique chargée de sens, un savoir maîtrisé par les chamanes, et ceux qui suivent ce parcours initiatique. L’assemblée est à l’écoute, un intervenant n’hésite pas à chanter, pour mieux expliquer toute l’importance du chant, chez les wayampis.
De l’Afrique à l’Amazonie, avec Paulette Amoedang
Paulette Amoedang, se définit comme étant africaine, guyanaise, et femme du fleuve. L’intervenante, fait partie de la communauté bushinengué, plus précisément, elle est native N’djuka. Devant une assemblée attentive au moindre détail de son intervention, elle expose son travail en cours, son projet de collecte, et de préservation du patrimoine oral de sa communauté.
Elle évoque également la complexité, de passer de sa langue maternelle, à la langue française.
Paulette Amoedang présidente de l’association, les éditions Ayé.
Cette pratique implique de comprendre le fonctionnement de l’autre et de son système de valeurs.
Paulette Amoedang
La langue créole, au service de la pharmacopée traditionnelle et de l’enseignement
La pharmacopée créole est bien connue en Guyane. Pour ce forum, un ouvrage bilingue, français-créole, c’est toute une collaboration entre le savoir de Madame Louison, l’ethnobotaniste Marie Fleury, et Robert Loe-Mie, de l’association Rakaba, spécialiste du créole.
Maurice Pindard, apporte sa pierre à l’édifice, concernant la thématique du créole dans ce forum. Cet enseignant dans l’âme, présente son livret pédagogique, sur l’apprentissage du créole pour des élèves non créolophones. Il évoque, aussi, l’apprentissage des langues « businenge » et kalina, avec cette méthodologie, tout en rendant un vibrant hommage à Arsène Bouyer d’Angoma.
Un forum des langues pour mettre en exergue, toute la richesse linguistique de la Guyane, en se focalisant sur les langues amérindiennes, créoles et bushinengués.