Les saisons sèches pourraient devenir plus intenses en Guyane

Le niveau du Maroni est extrêmement bas
La saison sèche est particulièrement intense cette année en Guyane. Et ce phénomène pourrait se reproduire dans les années à venir, prévient Météo France Guyane. Le plan ORSEC a été déclenché sur le territoire le 29 octobre par la préfecture. Le niveau du Maroni est préoccupant. Manque d’eau sur le fleuve, difficultés de circulation et d’approvisionnement : les conséquences sont déjà nombreuses.

A quand la saison des pluies en Guyane ? Impossible à dire pour l’instant, prévient Météo France Guyane. La saison sèche se poursuit et est particulièrement intense cette année.

Pas de pluie avant la semaine prochaine

Patrick Ranson, responsable du service de prévisions de Météo France en Guyane, explique que cette semaine le temps restera chaud et sec. "La semaine prochaine, entre mardi et jeudi, des averses significatives sont attendues sur le nord de la Guyane, annonce-t-il. Mais il y a peu de chance que cela affecte le sud de la Guyane, et notamment le bassin du Maroni qui est déjà très impacté par la saison sèche".

Patrick Rançon, responsable du service de prévisions de Météo France Guyane.

Des fleuves à sec et des difficultés d’approvisionnement

Le 29 octobre dernier, la préfecture a déclenché le plan ORSEC. Les conséquences de la sécheresse sont déjà bien réelles : le niveau du Maroni est préoccupant, le manque d’eau sur le fleuve entraîne des difficultés de circulation des personnes, mais aussi d’approvisionnement.

"Il y a l’étiage des fleuves, en termes de navigabilité et d’approvisionnement des communes du Maroni (notamment le carburant pour les centrales électriques). On peut aussi citer la ressource en eau car les villages isolés qui pour certains sont alimentés par des forages en bord de fleuves. Ces forages sont parfois à sec, constate Patrick Ranson, responsable du service de prévisions de Météo France en Guyane. Il y a aussi la remontée du biseau salin qui affecte les stations de pompage sur la Comté, le Kourou et surtout le Maroni à Saint-Laurent. Parfois, de l’eau salée remonte dans des marées hautes. Enfin, il y a un impact fort sur l’agriculture qui souffre en ce moment, et des feux de végétation plus nombreux".

Déjà une saison sèche en 2023

En 2023, la Guyane avait déjà connu une saison sèche très sévère. "Et cette année, le même scénario se répète, mais cette fois la saison sèche fait suite à 18 mois de pluviométrie plus faible que la normale, rappelle Patrick Ranson, responsable du service de prévisions de Météo France en Guyane. Il y a donc un effet répétitif et accumulatif qui explique le très faible débit des fleuves et l’état de stress de la végétation".

Vers des saisons sèches plus intenses

Selon Météo France Guyane, la hausse des températures est indéniable sur le territoire. "Il fait de plus en plus chaud en Guyane, assure Patrick Ranson. En revanche, la pluviométrie varie énormément d’une année sur l’autre, il est donc plus compliqué de dégager une tendance".

Les années 2021 et 2022 ont été extrêmement pluvieuses, mais depuis mai 2023, il ne pleut plus assez sur la Guyane.

Patrick Ranson, Météo France Guyane

"Cependant, globalement à l’échelle du 21ème siècle, les saisons sèches devraient devenir plus intenses", ajoute le responsable du service de prévisions de Météo France Guyane.

Des phénomènes climatiques dangereux

Faut-il alors craindre des dérèglements climatiques à l’image des terribles inondations qui viennent d’endeuiller la région de Valence en Espagne ? Selon Patrick Ranson, la Guyane a tout de même "un climat plus stable". "Elle ne connaît pas de phénomène climatique extrême, et elle est à l’abri des cyclones, nuance-t-il. Mais on voit qu’à l’échelle de la planète, les phénomènes climatiques dangereux se multiplient".

Le rapport GuyaClimat

Météo France Guyane travaille actuellement sur les suites à donner au rapport GuyaClimat. Ce rapport a été réalisé en partenariat avec le BRGM pour étudier les projections climatiques jusqu’à l’horizon 2100.

"Comment la forêt va s’adapter à un environnement plus chaud avec des saisons sèches peut-être plus marquées ?", interroge Patrick Ranson. Des études d’impacts par secteurs devraient être menées dans les domaines de l’énergie, de l’habitat, et des écosystèmes.