Librairies : un secteur culturel et commercial qui se maintient en Guyane

C'est un rapport satisfaisant sur lequel le Centre National du Livre , l'outil étatique majeur pour le développement du livre, communique : 142 nouvelles ouvertures de librairies en 2022, des fermetures très limitées et stables dans le temps et des reprises régulières et en croissance au plan national.

Des chiffres liés au contexte de la pandémie covid

Alors qu’en est-il en Guyane ? Les principales communes sont pourvues en librairies générales et indépendantes. Il y en a deux à Cayenne, une à Rémire-Montjoly, une à Matoury, une à Kourou ouverte en 2022 et une à Saint-Laurent où, par ailleurs, un projet de création d’une autre librairie est en cours.

Pour Fred Dumas, libraire indépendant, gérant de 4 établissements à Cayenne, Rémire-Montjoly, Kourou et bientôt un cinquième à Saint-Laurent, cet engouement national pour le livre ayant conduit à une multiplication d’ouvertures de librairies, résulte essentiellement du phénomène covid. :

« Nous avons fait des années exceptionnelles en 2020 et 2021 avec une augmentation du chiffre d’affaires de 10 à 12%. Cela ne s’était jamais vu en librairie. Nous sommes plutôt autour de 2 à 3% normalement. Sur les derniers chiffres nationaux qui viennent de sortir sur l’année, nous sommes à moins 1, et moins 5% en GMS (Grandes et moyennes surfaces). Comparé à 2019, nous sommes à plus 5% mais ce chiffre est faussé, il faut comparer d’année en année. Quand on fait une moyenne nationale nous sommes à plus 1 ou 2%. Cela ne bouge pas beaucoup… »

Selon le libraire, en résumé le livre ne se porte pas plus mal au plan national, même si cette année, on observe une très forte baisse de 12,5%. Ceux qui s’en sortent le mieux seraient les grandes surfaces culturelles qui vendent aussi des articles arts et loisirs.

En Outre-mer, la situation des libraires n’est pas forcément au beau fixe souligne le libraire :

« Il n’y a pas eu de création dans les territoires d’Outre-mer au contraire. On constate des fermetures en Martinique par exemple. Des librairies indépendantes ont été remplacées à certains endroits par des grandes surfaces culturelles… »

Cependant, en Guyane entre le secteur purement littéraire et le secteur scolaire, les librairies parviennent à maintenir, de façon satisfaisante, leurs activités.

Un secteur commercial culturel qui résiste bien en Guyane

« Cultura », la grande surface culturelle Antilles-Guyane créée pour concurrencer la FNAC est installée à Matoury depuis 2 ans. Elodie Prodel, responsable de vente Cultura ne se plaint pas. La clientèle a adhéré au concept de la grande surface et les ventes de livres décollent. Elle constate que la politique volontariste de communication sur les réseaux sociaux et les séances de signatures régulières, organisées pour une mise en avant des auteurs guyanais, portent leurs fruits :

« Nous avons fait une percée renversante sur le fond littéraire Guyane, adulte, jeunesse, tous secteurs confondus. Il y a une appétence des Guyanais à lire leur histoire. La collection « Je lis ma Guyane » fonctionne très bien. Les lecteurs sont avides de connaissances sur les personnages qui ont fait l’histoire du pays. »

Elodie Prodel a, aussi, pu constater que les jeunes utilisaient la communauté « Booktok » pour se partager les livres qu’ils aiment : « ... En jeunesse, il y a une réelle attirance vers la bande dessinée, le manga c’est un point de chiffre très fort. En premier, il y a, pour les adultes, la catégorie « épanouissement personnel » et ensuite les BD et mangas qui explosent littéralement. En plus avec le pass culture, les jeunes sont capables d’acheter 300 euros de mangas d'un seul coup…. »

Autre détail, et pas des moindres, la clientèle est majoritairement féminine :

« Nous avons un public de plus en plus féminin, c’est une réalité. Elles s’intéressent beaucoup aux ouvrages qui traitent du développement personnel. Et en livres jeunesse, ce sont beaucoup des jeunes filles… ».

Ce mois de Mars est porté par des événements culturels nationaux « Le printemps des poètes » et  la « Semaine de la langue française et de la Francophonie » seront  autant d’occasions, peut-être, de se tourner vers la lecture.