Alors que des commandos de Marine sont à l’abordage de tapouilles brésiliennes, en action de pêche illégale dans les eaux guyanaises. Les clandestins tirent des mortiers d’artifice sur les militaires, puis jettent sur eux tout ce qu’ils trouvent. Mais au final, le navire est maîtrisé. Pendant trois ans, le capitaine de vaisseau Laurent Martin a coordonné cette lutte au large des eaux guyanaises. Un défi pour cet ancien commando de Marine et membre des forces spéciales. Sa priorité en Guyane était de multiplier les opérations fédérant les moyens de l’Etat :
"Avec la Direction de la Mer nous nous sommes coordonnés pour avoir dans notre zone de responsabilité plus de présence de bateaux à la fois. Avant on travaillait par segment et chacun intervenait de manière successive. Aujourd'hui on intervient de manière conjointe. On prend une zone avec tous les moyens disponibles à instant T pour pouvoir faire la lutte contre la pêche illégale."
Autre stratégie, optimiser les moyens en mer, ainsi, ce commandant de patrouilleur raconte l’arraisonnement d’un bateau illégal au retour d’une mission de surveillance Ariane. Laurent Martin a aussi développé les échanges avec les pêcheurs guyanais pour les remontées d’informations sur la pêche illégale, en lien avec la direction de la mer.
Michel Goron, directeur adjoint chargé de la mer, du littoral et des fleuves. Direction des Territoires et de la Mer de Guyane (DGTM) :
" On partage la même vision et cette ouverture d'esprit du commandant de zone maritime avec les professionnels... C'est mon quotidien, je suis en charge de développer la filière guyanaise. Encore faut-il qu'on ait un commandant de zone maritime qui ait cette ouverture pour participer à ces réunions et soit aussi aux côtés des pêcheurs professionnels guyanais..."
Résultat, en 2022, le nombre de bateaux repérés en infraction a presque doublé avant de baisser l’année suivante. Hausse des saisies également. Au moins 240 tonnes de poissons pris chaque année aux clandestins depuis 2022, et plus d’une tonne de vessies natatoires. Autour d’une dizaine de bateaux illégaux déroutés par an vers le port du Larivot, où la plupart sont détruits. Le commandant de la zone maritime évoque un recul des clandestins, à l’est et à l’ouest.
Des failles demeurent dans ce dispositif. La Marine dispose de drones grand public, utiles pour suivre les opérations mais trop limités pour la surveillance. En 2018, des drones français bien plus performants ont été expérimentés en Guyane devant la ministre des outre-mer Annick Girardin mais depuis, pas de nouvelles. Capitaine de vaisseau Laurent Martin, adjoint du préfet pour l’action de l’Etat en mer :
".. Il faut répartir, les efforts, il y a des choix à faire et il faut comprendre que la Guyane n'est pas le cadre d'opérations majeures sur lesquelles on pourra mettre ces drones."
En l’absence de radar maritime à terre, il n’y a donc pas de moyen permanent de surveillance des eaux guyanaises. Les clandestins se glissent entre les mailles du filet, constatent survol après survol le comité des pêches et le WWF.
Le samedi 1er juin, l’ONG a compté 93 navires clandestins, ici les points bleus et jaunes en vert, les bateaux guyanais. Ce jour-là, ils étaient cinq fois moins nombreux que les illégaux.