Combien sont-ils ? Les soignants sont au cœur de la crise depuis des mois. On ne les entend pas ou si peu. Ils travaillent contre vents et marées, loin des polémiques stériles. Malika Adelson est de ceux-là. Infirmière, elle est sur le terrain, et témoigne de sa réalité quotidienne.
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Des tests à grande échelle
« Ce n’est pas d’aujourd’hui que la Guyane a ses problèmes d’ordre sanitaire, il y a eu plusieurs crises, de grands mouvements de grève, les syndicats n’ont eu de cesse de dénoncer la faillite du système de santé actuel, les pouvoirs publics ont été alertés. Les évasans par exemple, ou le manque de lits... Nous travaillons forcement en collaboration avec les Antilles et l’hexagone. Des transferts de malades, il y en a chaque semaine. Il faut parfois attendre des heures aux Urgences pour être pris en charge. Aller chez un médecin, c’est plusieurs d’heures d’attente. Les exemples sont nombreux. Aujourd’hui tout le monde semble choqué. »
Un débat qui date
« C’est à la volonté du patient, si le patient s’engage, il faut bien qu’il y ait la recherche pour faire avancer la médecine. Comment peut-on dire qu’un traitement peut marcher si des expériences ne sont pas faites. Entendre dire que nous sommes des cobayes, c’est un peu fort moi j’aurais préféré entendre le corps médical pour savoir ce qu’il en pense. Je ne dis pas que je suis pour, je ne dis pas que je suis contre, il faut surtout prendre le temps de se poser et d’analyser les choses, surtout quand on demande un CHU, un centre hospitalier universitaire. Un CHU fait faire des essais, fait venir des chercheurs. Je pense que c’est la forme qui n’a pas été, il y aurait fallu plus d’explications en amont. Les personnes qui auraient eu accès à ces essais thérapeutiques sont des personnes qui sont immunodéprimées qui n’arrivent pas à produire des anticorps, à qui on en transfère via le plasma. Ces tests ont été effectués dans d’autres régions de France touchées par le virus. Ce n’est pas qu’en Guyane. »
Humilité et humanité
«Je pense que le confinement a eu du bon. Cela a permis d’éviter que le virus circule plus sur le territoire. Il faut faire la part des choses et évoquer aussi du positif. Les renforts par exemple. Ils viennent en Guyane aider alors qu’ils ont vécu la même crise, ils viennent sur la base du volontariat. Les médecins et les soignants de l’hexagone ont vécu la crise avant nous donc ils ne peuvent que nous apporter leur savoir-faire. Il y a des acteurs sur le terrain, les associations notamment qui essaient de faire le maximum. Il faut être objectif et solidaire. De plus on ne met pas assez l’accent sur toutes ces personnes qui sont aujourd’hui guéries. Nous devons également nous remettre en question, inverser la tendance, et prendre en main notre destin sanitaire. Enfin je voudrais ajouter que tous les jours, je vais dans des quartiers dits difficiles, à chaque fois en rencontrant des gens de toutes origines, je prends des leçons d’humilité et d’humanité ».