Dans les villages amérindiens de Maripasoula, une étude menée de 2012 à 2017 sur les femmes enceintes et les nourrissons révèle une baisse importante des taux d’imprégnation au mercure. Le message de prévention délivré lors de l’étude passe bien parmi cette population.
190 femmes examinées
En 2012, le docteur Rémy Pignoux, médecin du Centre Délocalisé de Soins et de Prévention (CDPS) à Maripasoula lance une étude sur la contamination au mercure des femmes enceintes puis de leurs nourrissons dans les villages amérindiens de la commune. L’étude a été menée par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), avec le soutien de l’Agence Régionale de Santé. 190 femmes ont fait l’objet d’un prélèvement de cheveu pour analyse lors du premier rendez-vous de grossesse ou de pré grossesse. 94 nourrissons ont également été prélevés. Résultat : la contamination est en baisse
Le docteur Rémy Pignoux le confirme :
"Ce que nous avons vu depuis 2012, c'est que le taux d'imprégnation du mercure commence à diminuer "
De très bons résultats
Soit une division par deux du taux d’imprégnation mercurielle depuis 2012. Pour le docteur Pignoux, ces bons résultats sont liés en partie au volet prévention de l’étude. Au premier rendez vous, chaque femme enceinte reçoit un livret en langue Wayana pour éviter la consommation de poissons les plus contaminés. Dans les villages, la population concernée s’est appropriée le message de prévention.
Rémy Pignoux explique :
"Nous avons spontanément d'autres femmes qui viennent expliquer aux nouvelles patientes comment ne pas être contaminés"
Le docteur Pignoux travaille depuis vingt ans à Maripasoula. La stabilité des équipes médicales dans ces zones isolées est aussi un facteur de réussite pour la prévention.
Un niveau qui reste élevé
Avec une moyenne géométrique de 6 µg/g chez les femmes enceintes et les nourrissons, le niveau de contamination reste élevé dans les villages amérindiens du Haut Maroni. A partir de 2,5 µg/g, des études font état de possibles atteintes neurologiques sur le fœtus.
L’orpaillage clandestin côté guyanais et légal côté surinamien reste une source importante de contamination pour les communautés Wayanas et Tekos de Maripasoula.
Pour aller plus loin, le médecin propose aux autorités un nouveau programme de recherche franco-surinamien sur le mercure, sous l’égide du CNRS et de la CTG. Baptisé « Aymara », ce programme attend des financements européens au titre de la coopération régionale.
Reportage de Guyane la 1ère