Mana : le chemin de la reconversion après un passé de mule

Reconversion d'anciennes mules : elles apprennent la transformation de produits agricoles
Fléau de la société guyanaise, le phénomène des mules, ces transporteurs qui n'hésitent pas à ingérer des boulettes de cocaïne pour pouvoir passer les frontières aériennes, n'est pas une fatalité pour tous. Des femmes ont entamé leur chemin de reconversion et se forment à la transformation agro-alimentaire.

Une association basée à Régina, le Germe, en partenariat avec "A Sa Jepi ", une association de l'ouest, a décidé de venir en aide à ces femmes qui ont un jour pris le mauvais chemin.

Deux sessions de formation à la transformation agro-alimentaire

Cette semaine, à Mana, des ateliers de découverte de la récolte à la transformation de fruits de palmiers ont été organisés. L’objectif,  est d’ouvrir à ces mères de famille de nouvelles perspectives d’avenir qui leur permettront de subvenir sans difficultés aux besoins familiaux. Elles étaient une dizaine dans les locaux du pôle agroalimentaire de Mana à découvrir des méthodes de transformation des fruits et légumes.

Certaines d'entre elles ont encore leur bracelet électronique au pied.  Durant toute la semaine, ces femmes ont manipulé des machines professionnelles, travaillé en équipe et découvert le plaisir de partager dans un environnement nouveau.

Hervé Latidine, président de l'association le Germe, explique que ces ateliers sont une première pour l'association, après 6 mois de travail :  

« En travaillant avec elles, nous avons compris que ce n’était pas seulement la recherche facile de l’argent. C’est aussi leur situation sociale. Elles sont pratiquement toutes inscrites à Pôle emploi, il y a un problème d’illettrisme qui se pose. Il y a un va et vient entre la Guyane et Paramaribo, certaines d’entre elles ont un passeport surinamais… »

Pour l'association le Germe, il faut impliquer davantage ces femmes dans le tissu social. Beaucoup d’entre elles souhaitent s'en sortir autrement. Les alternatives à l'argent facile nécessitent des formations, des créations d'entreprises, ou même d'apprentissage de la langue française. Tout cela est difficile d'accès pour elles.   

Carmen Tokoe, ancienne mule témoigne de sa satisfaction :

« Je suis restée en prison 2 ans, on m’avait condamné à 7 ans. Quand je suis sortie, je ne pouvais pas restée comme ça, je suis allée chercher du travail. Quand mon contrat sera terminé je veux faire cette activité. J’ai appris beaucoup de choses  »

Les femmes apprenties dans un local de transformation à Mana

Objectif pour ces stagiaires : retrouver une réelle autonomie d'ici deux ans

C'est ce que souhaitent les associations le Germe et "A sa jepi" : offrir la possibilité à ces femmes d'user de cet espace pendant deux ans, pour y consacrer 26h de travail rémunéré par semaine. Avec la possibilité en prime, de vendre leur production siglée : "Le mulet" pour Mouvement unifié pour la libération des énergies par le travail. Au total, cette opération comprend deux sessions de formation étalées du 14 au 18 février et du 7 mars au 11 mars.

  • Cela fera 60h de formation au total. Au plus tard début avril, les associations espèrent pouvoir louer cet espace pour 2 ans. Les femmes travailleront 26h par semaine rémunérées par l'état à hauteur de 800 à 850€ par mois. Une semaine de travail sera composée ainsi :
  • Lundi mardi et mercredi : transformation des produits, fruits de palmier et légumes, igname patates douces etc… au pôle agroalimentaire.
  • Jeudi : apprentissage pour pouvoir planter des fruits et légumes
  • Vendredi : formation à l'informatique

L'objectif final est de créer une coopérative agricole d'ici deux à trois ans et de permettre aux femmes de vendre leurs produits transformés sur les marchés de Guyane.

Reconversion d'anciennes mules à Mana