Nouvelle étape du conflit opposant les habitants du village Prospérité à la société HDF Energy, qui porte le projet de la Centrale Électrique de l'Ouest Guyanais. Établissement qui se situerait sur les communes de Mana et de Saint-Laurent du Maroni.
Une délégation composée de Roland Sjabere (le chef du village Prospérité), de Christophe Yanuwana Pierre (porte-parole de Jeunesse Autochtone de Guyane) et de Mélissa Sjabere (représentante de l'association AT'OPO W+P+) se trouve dans l'Hexagone depuis la fin du mois de novembre 2022.
"Pourquoi agressez-vous les racines de la Guyane ?"
Après des manifestations, des prises de parole, et même des arrestations, le Yopoto Sjabere s'adresse directement au président de la République, Emmanuel Macron. Si une délégation est aujourd'hui à Paris, c'est parce que le chef a sollicité des rencontres au Ministère des Outremer et avec des députés à l'Assemblée Nationale pour que la voix des peuples autochtones soit entendue.
Depuis plus d'une année, les habitants du village Prospérité - soutenus par la communauté amérindienne de Guyane et d'ailleurs - demandent le déplacement de la CEOG. Ils estiment que cette centrale, dont le chantier a débuté, est trop proche de leur lieu de vie, une zone où ils pratiquent notamment la chasse et la pêche. Une demande que l'entreprise refuse à ce jour.
On ne comprend pas pourquoi - alors qu'en Guyane, il y a énormément d'espace - il n'y ait que cet endroit choisi pour implanter ce projet. Cette forêt est notre espace de subsistance, de transmission, de lien avec notre spiritualité.
Roland SJABERE, Yopoto du village Prospérité
Les habitants du village Prospérité sont également soutenus par la Fondation Danielle Mitterrand, qui défend les droits humains et les biens communs du vivant. Elle accompagnera les membres de la délégation tout au long de son séjour à Paris. Des rencontres sont prévues entre le 1er et le 6 décembre 2022. La délégation devra notamment se rendre à l'Assemblée Nationale ce lundi 5 décembre.
Un "projet exemplaire sur le plan de l’impact environnemental"
De son côté, l'entreprise HDF Energy affirme que son projet a été "salué par les autorités comme un projet exemplaire sur le plan de l’impact environnemental" et que "cette forêt, qui sera défrichée sur 78 ha, est une forêt secondaire, déjà exploitée, sans enjeu environnemental majeur selon l'étude scientifique menée".
Elle ajoute, sur son site internet, que : "l’emprise du projet est une parcelle de 140 hectares, louée à l’ONF, incluant donc 62 hectares de forêt humide, qui ne sera pas impactée mais au contraire protégée des activités anthropiques par les limites de la parcelle."
Puis, en ce que concerne le peuple Kali'na qui vit non loin de la zone de construction, la société indique : "le Grand Conseil Coutumier et les autorités coutumières locales ont été consultés en septembre 2018 [...] puis régulièrement sollicités pendant toute sa phase de développement. La centrale est conçue de telle manière que les cueilleurs, chasseurs et pêcheurs puissent continuer à se déplacer librement en forêt."
Des faits que les opposants à l'emplacement du projet ne nient pas. Seulement, ils affirment ne pas avoir eu leur mot à dire quant à l'emplacement actuel de la future centrale électrique.