La ville de Saint-Laurent vit depuis des années dans un climat d’insécurité permanent. La multiplication des agressions de tous ordres débouchant sur des crimes comme celui qui a été commis ce lundi 8 avril a fait monter d’un autre cran la pression populaire. Les habitants veulent une réponse adaptée à la gravité de la situation de la part des autorités locales et nationales.
« L’action conjuguée de la police municipale et de la gendarmerie nationale habilitée sur l’ouest de la Guyane ne suffit plus ».
C’est ce qui a été scandé à la sous-préfecture lors du grand rassemblement populaire du 9 avril suite au meurtre d’Hélène Tarcy-Cétout le 8 avril. La population a manifesté en masse pour obtenir le rétablissement de l’ordre immédiat.
À lire ici : Meurtre d'Hélène Tarcy-Cétout : Les manifestants en colère envahissent la sous-préfecture de Saint-Laurent
Positif Soolan Pikin, un collectif de citoyens créé pour lutter contre la violence dénonce depuis des mois cette situation de non droit. Il réclame que des actions de répression fortes soient menées conjointement par la municipalité et les forces de l’état et surtout la mise en place d’autres dispositifs avec, notamment, la création d’un commissariat de police pour assurer de manière pérenne la sécurité de la population.
Déjà en 2006, les Saint-Laurentais défilaient dans les rues pour réclamer un commissariat de police
Le 23 février 2006, les habitants de Saint-Laurent avaient manifesté dans les rues pour protester contre l’insécurité et réclamer la création d’un commissariat de police à moyen ou à long terme dans les 10 à 20 années à venir. Des demandes formulées officiellement par le Comité des usagers pour la sécurité de Saint-Laurent de l’époque lors d’une réunion au mois de mars en présence du préfet de l’époque Ange Mancini et le maire Léon Bertrand selon nos archives.
Le préfet Mancini avait alors répondu : « Je ne suis pas contre la création d’un commissariat mais ne croyez pas que cela soit la panacée et que tous vos maux vont disparaître… »
Le comité des usagers soutenait l’argument du recrutement de policiers locaux qui pourraient être plus efficaces que les gendarmes.
Un commissariat tout en conservant la gendarmerie ?
Léon Bertrand, alors maire de Saint-Laurent et ministre du Tourisme déclarait : « Une ville qui grandit a besoin de structures qui soient adaptées à la criminalité et donc ce que nous souhaitons ce n’est pas une gendarmerie qui remplace un commissariat mais les deux pourquoi pas. »
À l’époque, en réponse, la brigade de gendarmerie avait été étoffée de 10 gendarmes et la venue d’un vice-procureur avait été annoncée mais pas de création de commissariat. Saint-Laurent atteignait déjà, selon le dernier recensement, le nombre de 26 000 habitants.
L’ancien maire Léon Bertrand, interrogé aujourd’hui est désormais convaincu de la nécessité d’obtenir un commissariat :
« Les choses ayant évolué, la ville devenant de plus en plus importante et les soucis n’étant plus les mêmes, les enjeux étant différents j’ai fini par changer d’avis il y a 10 ans et la mairie avait pris une délibération pour demander la création d’un commissariat. »
20 ans après toujours pas de solution pérenne
Deux décennies se sont écoulées, la population de Saint-Laurent a plus que doublé, elle est de 53 956 habitants en 2024 et les problèmes d’insécurité sont allés crescendo.
Même si la demande de création d’un commissariat à Saint-Laurent résonne comme une antienne, les réponses apportées, dans l’immédiat, ne vont toujours pas dans ce sens.
Ce lundi 15 avril se tiendra une réunion du Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance, 10 gendarmes sont arrivés de Cayenne en renfort ce 10 avril et dans les prochains jours devrait avoir lieu l’opération place nette XXL demandée et obtenue auprès de la ministre déléguée des Outre-mer, Marie Guevenoux.
Les forces de l’ordre en chiffres à Saint-Laurent
Police municipale :
- 23 policiers et 15 ASVP (Agent de surveillance de la voie publique)
Gendarmerie nationale :
- Brigade départementale de gendarmerie : 40
- Brigade de recherche : 17
- Peloton de surveillance et d’intervention 17 gendarmes plus 3 renforts
- Brigade fluviale 6
- Motards 6
- L’escadron de mobiles remplacé tous les deux mois : 72 gardes mobiles