La papaye : une baie pleine de vertus

En Guyane, les papayers poussent spontanément, leurs graines étant disséminées par les oiseaux.
La papaye est l’un des fruits tropicaux les plus connus et les plus cultivés. Largement célébrée pour ses vertus médicinales, elle est même utilisée dans des applications industrielles.

La papaye était déjà couramment consommée et cultivée par les Amérindiens lorsque Christophe Colomb découvrit les Antilles. Le fruit séduit immédiatement les Européens, et il apparut dès 1579 dans la langue française. Grâce aux Espagnols et aux Portugais, la papaye colonisa rapidement toutes les régions tropicales du globe. D’abord importée aux Philippines et en Inde dès la fin du 16ème siècle, puis en Afrique et dans le reste de l’Asie, on le retrouve à la Réunion dès 1750.

Le papayer (carica papaya) est une herbacée qui peut atteindre dix mètres de haut. Il se compose d’un tronc creux sans branches, au sommet duquel poussent de grandes feuilles composées. Les  fleurs, qui partent également du tronc, se différencient facilement selon que l’arbre est mâle ou femelle. Les papayers mâles font des longues grappes de fleurs, alors que les fleurs femelles sont collées au tronc. Toutefois, des variétés hybrides hermaphrodites ont été créées pour répondre aux besoins de l’agriculture intensive. Le papayer a également la particularité de pouvoir repousser si on lui coupe la tête. Il repart alors en deux, voire en plusieurs troncs.

L’allié de la bonne digestion…et bien plus encore !

Les propriétés digestives de la papaye ont été vite repérées par Christophe Colomb et son équipage, car ils avaient observé que les Amérindiens consommaient de la papaye après des repas copieux. En effet, la papaye, à l’instar de l’ananas, contient des enzymes protéolytiques qui facilitent la digestion des protéines. La plus connue est la papaïne, inscrite au codex français depuis 1937. Elle est utilisée  en médecine dans les troubles de la digestion, et comme cicatrisant. Plus simplement, le latex frais peut être utilisé sur les petites brûlures, et contre les cors et les verrues.

Un anti oxydant puissant utilisé dans le traitement de nombreuss maladies

En 2004, la papaye a fait la une des médias, lorsque le professeur Luc Montagnier, co-découvreur du virus du sida, a prescrit de la papaye fermentée au pape Benoît XVI pour soulager ses symptômes de maladie de parkinson. Selon ce professeur, la papaye est un anti-oxydant puissant, qui peut maximiser les effets de traitements utilisés pour des maladies aussi différentes que le cancer, le sida, et la drépanocytose. Des études sont en cours pour mieux connaître l’action de la papaye sur des cancers aussi variés que le cancer du sein, de l’utérus, du foie et de la prostate. Dans la lutte contre les maladies cardio-vasculaires, la papaye a une action démontrée à plusieurs niveaux : elle fluidifie le sang et agit contre l’athérosclérose. Enfin, les graines de papayes, au goût poivré, sont utilisées comme vermifuge.
Par ailleurs, la papaye est un fruit très diététique, avec seulement 33 calories pour 100 grammes, soit deux fois moins que la mangue. Pourtant, elle renferme des quantités comparables de minéraux, avec notamment un bon apport en potassium, magnésium, calcium et phosphore. Elle contient une grande quantité de vitamine C, de carotène et de fibres, mais peu de vitamines du groupe B.
Un petit bémol : les personnes allergiques au latex devront être prudentes avec la papaye, qui peut leur occasionner de vives réactions.
Outre les applications médicales et cosmétiques, le suc de papaye a des utilisations dans l’industrie agroalimentaire : il sert à attendrir la viande, mais aussi clarifier la bière et les jus de fruits, coaguler le lait, et entre même dans le processus de fabrication du chewing-gum. 
Une ombre au tableau : la papaye OGM
Dès 1992, des  variétés de papaye OGM dérivées de la papaye solo furent mises au point par des grandes firmes agroalimentaires associées à des universités américaines. A Hawaï, elles ont été cultivées à grande échelle pour lutter contre le virus Ringspot, qui cause des ravages dans les cultures intensives de papayers. Cette expérimentation est un échec, avec un effondrement de la production sur l’archipel, car les papayes OGM se révèlent moins résistantes aux attaques de champignons. Les essais de cultures OGM avaient entre-temps eu lieu dans de nombreux pays tropicaux. Le Mexique, gros exportateur de papayes, les a abandonnés, mais ceux-ci continuent dans de nombreux pays, notamment aux Etats-Unis, au Brésil et en Chine. L’Union Européenne refuse la commercialisation de papayes génétiquement modifiées, mais des études ont montré que les papayes vendues en Europe étaient souvent contaminées par des OGM. Concernant les régions françaises d’outre-mer productrices de papayes, il n’y a pas d’informations disponibles…