Artistes et auteurs nous partagent leurs billets d'humeurs sur la crise sanitaire Covid-19. L'écrivaine Marie-George Thebia s'est confrontée à sa page blanche et à son inspiration au 10e jour du confinement...
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Ce matin, je me suis réveillée avec l’intention d’écrire un billet pour « Paroles de confinement ». Ce devrait être facile...
L’actualité anxiogène, le manque des miens, l’état d’urgence qui se confirme, les drones qui nous plongent en plein film de science-fiction, cauchemar orwellien devenu réalité.
Tout y est...
Après quelques minutes à attendre l’inspiration les yeux rivés sur la plage, je ne vois rien venir, c’est laborieux, je déteste.
Vous savez ce que l’on dit à ceux et celles qui se piquent de vouloir écrire « si l’inspiration ne vient pas à toi, va à sa rencontre ».
Je m’exécute, j’écoute la radio, j’allume la télé, les infos tournent en boucle annonçant l’apocalypse. Les infirmières sont désespérées, il faut des masques, des respirateurs pas d’applaudissements nourris par les terribles circonstances, de la sympathie jetable. Les incohérences de nos gouvernants troublent le message qui nous exhorte à rester chez nous. Ce médecin français en Chine qui confirme que notre confinement ne sert à rien, s’il n’est pas total. Et puis, et puis il y a les morts en Italie, c’est poignant, hallucinant, les soignants doivent renier leurs serments parce qu’ils doivent choisir qui vivra, qui aura la chance d’en revenir, de continuer sa vie de l’après. Une vie banalement extraordinaire, voir ses parents, embrasser ses enfants, boire un verre avec ses amis, vivre ses amours... Et supporter ses emmerdes en cultivant son jardin.
Je cherche toujours l’inspiration, toujours la télé, celle de chez nous où les gestes barrières ne sont pas respectés, où chacun y va de son « remède créole » comme rempart au virus. Le marché de Cayenne où certains ont fait comme si... à la recherche des ingrédients, des légumes, pour notre sacro-saint bouillon wara qui cette année aura une saveur spéciale, celle de l’inconscience des kamikazes de l’épinard, du chou et du poulet boucané. Les quartiers informels où l’on se préoccupe d'abord du quotidien, avoir de quoi manger, trouver de l’eau, la charroyer jusqu’au squat, à la case de tôles... alors les messages Rété an to kaz en créole haïtien, en espagnol, en anglais, en portugais...
Rété an to kaz! Ki kaz ?
Je jette un œil sur Facebook, le pire comme le meilleur de l’humanité, de la fake news en quantité impressionnante. Des théories complotistes de pseudos experts, des recettes de cuisine, des humoristes qui arrivent plus ou moins à nous dérider, de la générosité, de l’empathie qui me redonne de l’espoir. Le monde de l’après sera empathie ou rien dixit Jacques Attali, des petits conseils utiles ou vains, des niaiseries de confinés qui s’occupent comme ils peuvent.
Il y en a pour plusieurs semaines encore , je désespère, je n’ai toujours pas d’inspiration.
Tchisséka Lobelt
L’actualité anxiogène, le manque des miens, l’état d’urgence qui se confirme, les drones qui nous plongent en plein film de science-fiction, cauchemar orwellien devenu réalité.
Tout y est...
Après quelques minutes à attendre l’inspiration les yeux rivés sur la plage, je ne vois rien venir, c’est laborieux, je déteste.
Vous savez ce que l’on dit à ceux et celles qui se piquent de vouloir écrire « si l’inspiration ne vient pas à toi, va à sa rencontre ».
Je m’exécute, j’écoute la radio, j’allume la télé, les infos tournent en boucle annonçant l’apocalypse. Les infirmières sont désespérées, il faut des masques, des respirateurs pas d’applaudissements nourris par les terribles circonstances, de la sympathie jetable. Les incohérences de nos gouvernants troublent le message qui nous exhorte à rester chez nous. Ce médecin français en Chine qui confirme que notre confinement ne sert à rien, s’il n’est pas total. Et puis, et puis il y a les morts en Italie, c’est poignant, hallucinant, les soignants doivent renier leurs serments parce qu’ils doivent choisir qui vivra, qui aura la chance d’en revenir, de continuer sa vie de l’après. Une vie banalement extraordinaire, voir ses parents, embrasser ses enfants, boire un verre avec ses amis, vivre ses amours... Et supporter ses emmerdes en cultivant son jardin.
Je cherche toujours l’inspiration, toujours la télé, celle de chez nous où les gestes barrières ne sont pas respectés, où chacun y va de son « remède créole » comme rempart au virus. Le marché de Cayenne où certains ont fait comme si... à la recherche des ingrédients, des légumes, pour notre sacro-saint bouillon wara qui cette année aura une saveur spéciale, celle de l’inconscience des kamikazes de l’épinard, du chou et du poulet boucané. Les quartiers informels où l’on se préoccupe d'abord du quotidien, avoir de quoi manger, trouver de l’eau, la charroyer jusqu’au squat, à la case de tôles... alors les messages Rété an to kaz en créole haïtien, en espagnol, en anglais, en portugais...
Rété an to kaz! Ki kaz ?
Je jette un œil sur Facebook, le pire comme le meilleur de l’humanité, de la fake news en quantité impressionnante. Des théories complotistes de pseudos experts, des recettes de cuisine, des humoristes qui arrivent plus ou moins à nous dérider, de la générosité, de l’empathie qui me redonne de l’espoir. Le monde de l’après sera empathie ou rien dixit Jacques Attali, des petits conseils utiles ou vains, des niaiseries de confinés qui s’occupent comme ils peuvent.
Il y en a pour plusieurs semaines encore , je désespère, je n’ai toujours pas d’inspiration.
Paroles de confinement
Nous sommes confinés. Un mot qu’on ignorait presque il y a quelques jours. Dans ces temps difficiles, écrivez librement votre ressenti, vos états d’âmes, vos témoignages, vos analyses. Textes littéraires, poèmes et contes sont les bienvenus. Quelques lignes, quelques pages ... pour dire comment vous vous sentez. Certains.es ont commencé, alors n’hésitez pas. Vos textes à publier sur le groupe ouvert Facebook : Paroles de confinement. A vos claviers ! Rien ne sera plus jamais comme avant. Il y aura un avant et un après la crise !Tchisséka Lobelt