Pour la deuxième fois – le procès avait déjà été renvoyé le 11 octobre, Durval Maues Da Conceicao a été emmené sous escorte du Centre Pénitentiaire de Rémire-Montjoly jusqu’au Tribunal Judiciaire du Larivot, à Matoury.
Tee-shirt gris, lunettes de vue, ce natif de Belem âgé de 49 ans s’appuie sur une traductrice assermentée pour suivre les débats et s’exprimer quand les juges le lui demandent. Pour lui, tout a basculé le 5 octobre : ce jour-là, le capitaine du chalutier « Charmozo », un navire de vingt-trois mètres de long et quatre mètres de tirant d’eau, refuse d’obtempérer aux ordres des unités d’interventions envoyées par le patrouilleur la Capricieuse, au large de Ouanary, dans la baie de l’Oyapock, selon la procédure. Il fait couper le chalut qui était à la mer et met les gaz pour tenter de regagner les eaux brésiliennes.
« Mise en danger d’autrui »
À bord de chacun des deux bateaux légers lancés à ses trousses se trouvent une bonne dizaine de marins et de gendarmes maritimes. Selon les premiers éléments évoqués ce mardi à l’audience, les militaires s’approchent du fuyard pour monter à bord. Parmi les vingt et une parties civiles – des marins de la « Résolue » et des gendarmes maritimes, onze ont été sous le coup d’interruption temporaire de travail (ITT) allant de trois à vingt et un jours. Parmi les motifs de poursuites du capitaine, « des blessures involontaires » et la « mise en danger d’autrui (avec risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence ».
L’avocat de la défense, Maître Stephan Doutrelong, a déposé ses conclusions ce mardi avant l’audience. « Je sollicite la nullité de l’ordre de déroutement », prévient l’avocat, qui dénonce « une opération complètement illégale », avec « une complication de ce dossier : la délimitation des eaux territoriales ». On apprend au passage que la valeur du bateau saisie a été estimée à 150 000 euros et celle de la marchandise saisie à 125 000 euros (17,5 tonnes de produits de la mer et 500 kg de vessies natatoires).
Le ministère public a requis un renvoi de l’audience au 6 décembre pour analyser les éléments de la défense, avec un maintien en détention du capitaine. Les juges sont allés dans ce sens : l’affaire sera débattue à cette date devant le tribunal correctionnel et Durval Maues Da Conceicao attendra son procès en prison. « J’aimerais qu’on me libère pour que je retrouve ma famille car ils ont besoin de moi », a-t-il affirmé quand les juges lui ont donné la parole.