Précarité : une retraitée de Sinnamary vit avec 1 euro 85 centimes par mois

Filienne survit grâce à son abattis
De plus en plus loin dans la précarité : le mois dernier, nous vous parlions de deux retraités qui survivent seuls avec de toutes petites pensions, à Cayenne et Montsinnéry-Tonnégrande. A Sinnamary une retraitée dispose seulement d’1 euro 85 centimes par mois.
A Sinnamary une retraitée dispose seulement d’un euro et 85 centimes de pension par mois. Le problème de fond, c’est le non-versement de l’ASPA, l’Allocation de Solidarité aux Personnes Agées, qui garantit un revenu minimum après 65 ans. 
Filienne explique sa situation
 

Vivre dans une extrême précarité à 69 ans 

Chez Filienne, les temps sont durs, le frigo ne marche plus, et il est vide. Depuis un an, cette retraitée de 69 ans n’a presque plus de revenus. 
Dans la cuisine, la gazinière a rendu l’âme. Elle fait donc chauffer ses repas au feu de bois. Jusqu’à l’an dernier, Filienne percevait le RSA mais la CAF y a mis fin, car elle a été informée par la service retraite de la CGSS que Filienne avait droit à l’ASPA, l’Allocation de Solidarité aux Personnes Agées. Selon un document de septembre 2019, la retraitée doit même récupérer plus de 29 000 euros de rappel depuis 2016. Il y a un an, elle se rend donc à la CGSS à Cayenne :
 

Je suis allée à Baduel et j'ai demandé à l'accueil. L'employé s'est renseigné et elle m'a dit que je n'avais droit qu'à 1,85 € par mois.

 


Des démarches restées sans réponse

1 euro 85 de retraite par mois « seulement », car Filienne a très peu cotisé, allant d’un job à l’autre, non déclaré. Mais elle reste sans nouvelle de son droit à l’ASPA. Cette allocation est censée compléter la retraite pour garantir 903 euros de revenus mensuels pour une personne seule. Filienne dit avoir rempli une demande il y a cinq ans. Les mails envoyés à la caisse de retraite sont restés sans réponse. Depuis un an, elle survit avec des dons, de l’argent prêté par des proches, des aides publiques pour l’eau et EDF, et des colis alimentaires de la mairie. Il y a aussi son abattis, à plus d’1 km de sa maison. Elle s’y rend dès qu’elle le peut, pour trouver de quoi manger. 
Elle a aussi trois cochons amaigris, qu’elle nourrit avec les moyens du bord. Malgré les difficultés, Filienne garde espoir :
 

La vie défile... c'est le stress qui amène la vieillesse ... j'attends la volonté de Dieu c'est ce qui m'aide...

 
Sinnamary : une retraite plus que précaire.


La CGSS reconnaît des difficultés dans le traitement de ces demandes d'ASPA

Invité du JT Soir mardi, le directeur de la retraite à la Caisse Générale de la Sécurité Sociale Jean-Christophe Dulin, a apporté des explications sur les retards dans le traitement des dossiers des personnes en attente de l'ASPA, l'Allocation de Solidarité aux Personnes Agées, qui garantit un revenu minimum à partir de 65 ans. Il reconnait des difficultés dans le traitement de ces demandes d'ASPA, même s'il y a eu du mieux cette année : alors que 569 dossiers étaient en attente au début de l'année, il n'en restait que 337 fin octobre. Jean-Christophe Dulin annonce aussi qu'une campagne de communication sera lancée l'année prochaine sur cette allocation encore trop peu connue en Guyane : si on comptait fin octobre 2748 bénéficiaires, (soit plus d'un retraité sur quatre sur le territoire), "au moins le double - de ce chiffre - serait éligible", a indiqué le directeur de la branche retraite mardi sur le plateau de Guyane la 1ère.
 
Jean - Christophe Dulin, Directeur de la retraite à la C.G.S.S invité du Guyane Soir.


Qu'est-ce que l'ASPA?

Créée en 2006, l'ASPA a remplacé le minimum vieillesse. L'Allocation de Solidarité aux Personnes Agées est un complément aux petites pensions de retraite : elle garantit 903 euros de revenu mensuel minimum pour une personne vivant seule, et 1402 euros pour un couple. Les ressortissants étrangers vivant sur un territoire français y ont droit à condition d'avoir dix ans de séjour régulier. Comment ça marche et qui y a droit ?
 
Présentation de l'allocation de solidarité aux personnes âgées