Problématique des suicides en Guyane : "il y a ce phénomène de contagion suicidaire"

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Santé Publique France s'est intéressé, dans le cadre du baromètre santé 2021, à la prévalence des pensées suicidaires et tentatives de suicides chez les 18 - 85 ans en France. Les résultats, publiés ce 5 février, rappellent qu'il existe des spécificités chez nous.

En Guyane, la question des suicides est une véritable problématique. En 2020, une étude de Santé Publique France révélait que sur la période 2007-2018, les taux de suicide dans les villages guyanais isolés étaient "jusqu'à huit fois plus élevés" que dans l’Hexagone.

5,4 % de pensées suicidaires

Ce 5 février, l'organisme a publié les résultats du baromètre de santé d'après des données récoltées en 2021. 1 475 personnes ont été interrogées en Guyane. Parmi elles, 5,4 % ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours de l'année précédant l'enquête. Au niveau national, le chiffre est à 4,2%.

En revanche, le pourcentage de personnes ayant commis une tentative de suicide est inférieur à la moyenne nationale : 6,8 % au niveau national, contre 5,6 % sur notre département.

À noter tout de même que, pour les résultats de cette étude, Santé Publique France fixe une marge d'incertitude de 5 %.

Plus de 200 tentatives en 2023

Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'au cours des trois premiers trimestres 2023, donc de janvier à septembre, 244 tentatives de suicide ont été recensées par l’Observatoire Régional du Suicide. C’est presque une par jour. Un chiffre en baisse, puisqu'il y en avait 380 en 2021 et 333 en 2022 pour la même période.

D'après le Centre Ressource Prévention du Suicide : la vallée de l’Oyapock est le secteur où le taux de tentatives de suicide est le plus élevé (une donnée à prendre avec précaution, en raison du faible nombre d’habitants), tandis que le territoire des Savanes est le moins touché.

Une autre certitude, c'est qu'en Guyane, depuis des années : le suicide touche plus les jeunes et les femmes et qu'il y a un phénomène de "contagion suicidaire", qui est unique à l'échelle nationale, selon le Dr. Caroline Janvier, cheffe de pôle santé mentale à l’hôpital de Cayenne.