Território Inventado : une exposition de photographes de Guyane à Bélem sur le thème de l'Amazonie

Exposition du 15 juillet au 22 août de l'association La tête dans les images à Bélem à l'association Fotoativa
Si loin et si proche, Bélem la capitale de l’état du Para au Brésil, est à 1h30 de Cayenne en avion mais il aura fallu un long périple de deux jours pour acheminer les éléments de l’exposition « Território Inventado ». Fruit d’une alliance entre l’association militante paraense, « Fotoactiva » et de l’association de Guyane, « La Tête dans les images ». Un échange artistique qui s’est tenu du 9 juillet au 20 août et qui en préfigure d’autres dans la grande région amazonienne.

Les artistes sont des personnes résilientes et ont une foi inébranlable dans leur conviction. Malgré la dureté des temps, malgré les vents contraires, il leur faut continuer d’exister et d’apporter une forme de lumière à leurs congénères.

Le centre d'art de Fotoativa, dans le centre historique de Bélem

 
La présidente de Fotoativa, Irene Almeida, photographe journaliste dans la presse paraense, occupe ce poste depuis un an. Selon elle, il y avait lieu de saisir l’opportunité d’accueillir dans leur centre d’art à Bélem, les photographes guyanais. C’est une relation très importante qui a démarré en 2021  alors que l'association Fotoativa invitée par l'association La tête dans les images devait exposer en Guyane. Mais le projet n’a pu aboutir complètement en raison de la pandémie. Toutefois l’envie de poursuivre les échanges n’a pas faibli :

Irene Almeida,fotojornalista, produtor e arteducaçai

Cette relation avec un voisin d’Amazonie me paraissait très intéressante. La photo de Mirtho Linguet « Met bwa » évoque la mythologie locale mais a des ressemblances fortes avec celle du Brésil. Cette proximité entre les différentes régions d’Amazonie me plait beaucoup… Cette exposition a vraiment été bien perçue par le public qui se sent proche de ce qu’il découvre. Par exemple, le fromager de Karl Joseph est un arbre commun qui inspire le respect et rappelle qu’il est nécessaire de préserver la nature…

L’exposition s’est donc tenue du 9 juillet au 20 août dans le hall d’exposition de Fotoativa qui se trouve dans une maison patrimoniale dans le centre historique de Bélem.


A Bélem, les habitants sont très demandeurs des actions culturelles de ce type mais pour l’association, il est difficile de répondre à tout souligne Irene Almeida.
Pour cette exposition, « Território Inventado », Karl Joseph, le président de « La tête dans les images » a fait le déplacement pour acheminer les œuvres à bon port. Cela qui lui a permis de mesurer la qualité de l'offre artistique dans le Para et d'en tirer des enseignements très riches.

Karl Joseph, président de l'association La tête dans les images

Nous avions invité le collectif de photographes Fotoativa pour la biennale des rencontres photographiques de 2021 et leur avions proposé de travailler sur le thème de l’Amazonie car nous voulions approfondir notre connaissance de la ceinture géographique des pays qui nous entourent de façon à créer une scène photographique du plateau des Guyanes. Malheureusement la frontière était fermée entre la Guyane et le Brésil. Les artistes brésiliens n’ont pu être présents. En juillet 2023, il y aura une biennale d’arts contemporains de l’Amazonie à Bélem… C’était l’occasion de voir les conditions d’exposition dans la capitale avec ce banc d’essai…

Le souhait était d’avoir des artistes qui puissent offrir une large palette de ces territoires imaginaires, mythiques, culturels, physiques en partage précise Karl Joseph. Et c’est ce qui a prévalu à la mise en place la programmation qui regroupait : Daphné Nan Le Sergent, Julie Boileau, Karl Joseph, Mahieu Kleyebe Abonnec et Mirtho Linguet.

Le Guyanais se réjouit de cette expérience enrichissante à tous points de vue. L’accueil a été très professionnel, Fotoativa a une longue expérience de la médiation de rue très profitable pour l’association guyanaise. La rencontre avec le fondateur Miguel Chikakoa a aussi été un moment fort.
Bélem est un des lieux de culture brésilienne où se trouve un réseau étendu d’artistes photographes. Cela donne la promesse d’une niche d’échanges incommensurables entre deux régions d’Amazonie très proches.

Pourtant se rendre à Bélem a nécessité deux jours de voyage. La capitale du Para est à une heure et demi de vol mais faute de liaison aérienne directe, il a fallu effectuer une grande partie du parcours en bus. Une expérience éprouvante et compliquée. Toutefois le bénéfice tiré de cette expérience l'emporte sur tout le reste souligne Karl Joseph :
« Cette rencontre nous a permis de nous conforter sur notre positionnement et de constater la qualité de notre travail. Nous avons eu un échange de conseils très profitables. Nous nous sommes aperçus que nous avions un bon niveau de structuration et de programmation dans l’organisation de notre festival. Nous sommes heureux d’être en lien avec ce collectif avec lequel nous pouvons apprendre et partager. ».

Pour 2023, avec la perspective de la tenue de la biennale amazonienne, l’association espère bien intégrer la programmation officielle et demeure en contact avec la commissaire d’exposition, Vania Leal.