Son objectif : faire des filières professionnelle"une voie d'excellence" et "une cause nationale". Emmanuel Macron a détaillé la réforme du lycée professionnel, jeudi 4 mai, au cours d'un déplacement au lycée technologique et professionnel Bernard-Palissy de Saintes (Charente-Maritime). "Le but, c'est que chacun puisse trouver un bon métier, un métier avec un bon salaire, et qui a du sens", avait déclaré le chef de l'Etat sur Facebook mardi soir, à la veille de ces annonces. "C'est près d'un milliard par an que nous allons investir pour les lycées professionnels." "Le lycée professionnel aujourd'hui cumule trop de difficultés", a déclaré Emmanuel Macron, évoquant "un système mal fichu" et "un échec collectif".
Comme l'a rappelé le président de la République, un tiers des lycéens étudient chaque année en voie professionnelle en France. Environ 30% de ces jeunes décrochent au cours de leur parcours et moins de 40% des diplômés parviennent à trouver un emploi après six mois. A Saintes, le chef de l'Etat a détaillé une série de mesures pour réformer les filières professionnelles et améliorer leur attrait, autour de trois axes : la lutte contre le décrochage scolaire, une meilleure insertion professionnelle et la revalorisation de "l'engagement" des enseignants de ces lycées. Voici les principales annonces du chef de l'Etat au sujet de cette réforme.
Des moyens pour "la découverte des métiers"
Selon Emmanuel Macron, cette réforme aspire à "faire du lycée professionnel une voie par choix" pour mieux lutter contre le décrochage scolaire. Ainsi, à partir de la rentrée prochaine, tous les collégiens, dès la classe de 5e, auront "un temps dédié à la découverte des métiers", a annoncé le chef de l'Etat. Des enseignants de lycées professionnels interviendront en collège pour présenter ces professions. Emmanuel Macron prône également "un travail de transparence" pour que les familles connaissent mieux les débouchés de chaque filière professionnelle. "Nous afficherons les taux d'insertion et de poursuites d'études par filière et par établissement", à partir du printemps prochain, a-t-il déclaré.
Un enseignement "plus adapté aux besoins des élèves"
Avec cette réforme, Emmanuel Macron entend aussi développer les moyens "pour aider les élèves en difficulté" dans les voies professionnelles. Cela impliquera des travaux davantage menés en plus petit groupe (et un soutien pour cet objectif dès la rentrée), "plus d'accompagnement personnalisé et un enseignement plus adapté aux besoins des élèves". Autre proposition : un dispositif permettant, dès la rentrée, des collaborations entre enseignants, missions locales et écoles de la deuxième chance pour "éviter la déscolarisation".
La carte des formations revisitée
Dans un objectif de "100% d'insertion professionnelle", "on doit adapter beaucoup plus la carte des formations en fonction des besoins", a souligné le président de la République. "Une formation avec un mauvais taux d'accès à l'emploi ou à l'enseignement supérieur est une formation qu'il ne faut pas garder", a-t-il insisté. Le chef de l'Etat propose ainsi de faire évoluer les cartes des formations professionnelles "au niveau de chaque territoire", d'en fermer certaines et d'en ouvrir d'autres, selon la réalité économique de la région. Pour les métiers en tension, par exemple, "il est intelligent de rouvrir des formations" ou d'en développer d'autres pour des secteurs en devenir tels que le numérique ou la transition énergétique. Emmanuel Macron vise à faire évoluer ces cartes de formation professionnelle, d'ici à la fin de l'année.
Les lycéens stagiaires bientôt rémunérés
Afin d'augmenter l'attractivité de ces filières techniques, Emmanuel Macron a notamment annoncé une rémunération des lycéens stagiaires dès la rentrée prochaine. Cette gratification, prise en charge par l'Etat, sera de l'ordre de 50 euros par semaine de stage en seconde et en première année de CAP, puis de 75 euros en classe de première et en deuxième année de CAP. En terminale, cette rémunération s'élèvera à 100 euros par semaine.
Davantage de "souplesse" en terminale
En terminale, Emmanuel Macron appelle à davantage de "souplesse" selon les projets des lycéens. La durée des stages sera augmentée de 50% pour les élèves souhaitant directement chercher du travail après leur cursus. Pour ceux qui se dirigent vers un BTS, le gouvernement propose quatre semaines de cours supplémentaires.
Des liens renforcés entre lycées et entreprises
Le président entend aussi mettre en place un "bureau des entreprises dans chaque lycée professionnel", pour "accompagner les jeunes dans la recherche de stages" ou encore "développer des partenariats". Ce bureau pourra être supervisé par un enseignant ou par un "acteur du marché de l'emploi". En parallèle, Emmanuel Macron souhaite développer le recrutement de professeurs associés, de professionnels aux côtés des enseignants dans les lycées professionnels. Enfin, "on va monter en charge dès la rentrée pour que 100% d'élèves volontaires aient accès à un mentor [venu du monde du travail] d'ici 2025", a ajouté le chef de l'Etat.
Des revalorisations pour des enseignants volontaires
En parallèle des revalorisations "inconditionnelles" promises pour l'ensemble des enseignants dès la rentrée, de l'ordre de 100 à 230 euros net par mois, des professeurs des lycées professionnels engagés dans de nouvelles missions liées à la réforme bénéficieront à leur tour de revalorisations. "Chaque professeur engagé et volontaire pourra prétendre à une augmentation (...) jusqu'à 7 500 euros brut annuels", a précisé Emmanuel Macron. Le président a également parlé de la nécessité, pour les chefs d'établissement, d'être "pleinement reconnus" pour leur travail, avec davantage de moyens.