Les six jeunes qui ont participé à la rencontre interculturelle du projet "Ma culture est mon point fort" sont rentrés hier en Guyane, après 12 jours au Canada. Aujourd'hui, ils étaient réunis au siège de l'association Peupl'en Harmonie, pour faire le bilan de cette aventure humaine enrichissante.
Pour Christophe Pierre, porte-parole du mouvement Jeunesse autochtone de Guyane et encadrant du projet, le voyage est une véritable réussite : "Le bilan est marquant pour tout le monde. Il y a eu les rencontres culturelles, historiques, les échanges avec les autres jeunes, qui ont évidemment toutes été très riches.", confie-t-il. Plus encore, c'est la découverte d'un pays qui dispose de mécanismes rodés sur la question des peuples autochtones :
"L'objectif de départ était que des jeunes ayant un projet professionnel ou culturel puissent découvrir le Canada où le droit des peuples autochtones est reconnu, avec un ensemble de politiques publiques en leur faveur. Des moyens sont débloqués pour cela, et la question des peuples autochtones n'est pas problématique, ce n'est pas un gros mot et des droits spécifiques qui sont reconnus.", Christophe Pierre, porte-parole du mouvement Jeunesse autochtone de Guyane et encadrant du projet "Ma culture est mon point fort".
Un échange enrichissant
Lydie Yubitana (communauté Arawak), Katie Do Nascimento (communauté Palikur), Erika Alamelama (communauté Kalin'a), Brian Monpera (communauté Teko), Malcom Aloike (communauté Wayana), et David Zidoc (communauté Wayampi), ont été particulièrement marqués par leurs rencontres : "On s'est rendu compte qu'on avait toutes et tous les mêmes histoires, les mêmes vécus. Par nos légendes, nos récits, on a compris qu'on se rejoignait. Même si eux sont au nord et nous au sud, on s'appelle tous frères et sœurs entre nous. On a partagé quelque chose de formidable.", témoigne Erika Alamelama.
Cet échange lui a beaucoup appris à Lydie Yubitana : "Ce voyage nous a apporté beaucoup de perspectives. On a compris qu'il fallait qu'on se recherche nous-même dans nos cultures, approfondir nos connaissances et nos rapports avec nos communautés, dans le but de les partager avec les autres", explique-t-elle.
Un voyage qui nourrit des perspectives professionnelles
Au-delà des rencontres et des échanges interculturels, ce voyage était aussi l'opportunité de découvrir le Centre d'Innovation des Premiers Peuples, un laboratoire de création numérique (FabLab) autochtone. Spécialisé dans la production d'objets traditionnels et d'anciens savoir-faire, ce lieu de création, d’apprentissage, d’invention, d’innovation et de mentorat a inspiré Malcom Aloike, 23 ans :
"Je trouve très intéressant le fait de travailler avec des jeunes, de leur donner des opportunités et des portes de sortie. Même sans diplôme, ils offrent des possibilités de formation. Cette organisation m'a inspiré, et j'aimerais bien lancer ce type de FabLab pour les autochtones en Guyane", Malcom Aloike, 23 ans.
Pour le natif de Maripasoula, le FabLab autochtone dispose de plusieurs points positifs : "Cela permet d'aider les jeunes des villages éloignés, qui se sentent délaissés. Le FabLab autochtone permet de s'affranchir de l'échec scolaire et représente une vraie source de motivation", explique-t-il.
De son côté, Katie Do Nascimento, 22 ans, a trouvé dans ce voyage un nouveau projet professionnel : "J'aimerais devenir professeur de ma langue, le Palikur. J'ai envie de l'enseigner, et j'ai compris dans ce voyage que la transmission des langues était vraiment importante", confie-t-elle.
Le projet, source d'enrichissement culturel, de partage de valeurs, de découverte et d'inspiration, semble avoir tenu toutes ses promesses.