Revégétalisation des sites miniers : une filière d’avenir encore embryonnaire

Selon l’ONF, un opérateur minier sur deux ne joue pas le jeu de la revégétalisation. Une obligation pourtant imposée par la réglementation : faire pousser les arbres sur un tiers des surfaces détruites par l’activité minière. L'exemple de la mine d’Auplata à Saint Elie.
 
La mine de Dieu merci, une concession de la société Auplata : 200 hectares déforestés. Une production de 160 kgs d’or par an en moyenne de 2006 à 2015. Plus rien ou presque ne pousse sur ces sols stériles.
Jean Weigel  forestier horticulteur confirme :

"On est dans une situation désertique, pluvieuse. Ce sous-sol est constitué d'une argile grossière stérile. Ah, on peut dire que rien ne pousse" 


Un jardin d'Eden 

La lutte contre le désert minier commence dans ce jardin d’Eden, à Roura, à 200 km de Dieu Merci. La pépinière de Jean Weigel, chargé de la revégétalisation à Auplata. La réglementation impose à l’industriel de replanter 40 % des zones détruites. Ici, des centaines de variétés d’arbres grandissent dans des conditions favorables quand ils sont assez vigoureux, les plants sont amenés sur la mine.
Un trajet par la route jusqu’au barrage de Petit Saut, puis trois-quarts d’heure de canot et 30 kms de piste pour rallier Dieu Merci, à Saint Elie.
Première étape : le chargement de terre humifère dans un camion de la mine, de la bonne terre, pour amener ces sols infertiles à renaître à la vie.

"On va ouvrir des grandes fosses qu'on va remplir de bonnes terres. On peut garantir qu'on va pouvoir planter des espèces nobles, des espèces qui faisaient partie du cortège initial de la forêt"
 

 

Revégétalisation relancée

En 2015, Auplata a arrêté la production par gravimétrie sur le site. La société a construit une usine pour extraire l’or par cyanuration, un procédé plus rentable, elle doit fonctionner dans deux mois. Un moment délicat pour l’industriel, avec pour seules entrées d’argent les levées de fonds à la bourse. La revégétalisation a été ralentie l’an dernier, puis relancée cette année.
Didier Tamagno PDG mine Auplata explique :

"Il est clair que nous avons des choix à faire qui sont dépendants de nos performances en terme de trésorerie, et de priorité en matière d'investissements. Nous n'avons jamais stoppé ces actions là. Nous avons toujours été avant-gardistes dans les techniques employées qui doivent recréer un écosystème durable" 

 

Moins de 0,7%

Auplata a investi 250 mille euros dans le reboisement à Dieu Merci. Moins de 0,7 % de la valeur de l’or, extrait sur dix ans. Pour évaluer les avancées, Jean Weigel travaille avec Agroparitech, une grande école d’agronomie. Des étudiants participent à un inventaire pour dresser une carte des zones replantées et mesurer la croissance des arbres.
Kathleen Rethoret étudiante en master des spécialisations forêt nature : 

En fonction du terrain et du sol, certaines espèces sont plus adaptées. On ne sait pas pourquoi tel ou tel arbre pousse mieux que l'autre.  


La recherche fondamentale a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la forêt guyanaise…mais il y a encore peu de recherche appliquée sur la revégétalisation des sites aurifères. Quatorze ans après la signature de la charte « mine responsable » par l’Etat et le secteur minier, beaucoup reste à faire pour que la forêt reprenne ses droits, là où l’or a fait tomber les arbres…
Le dossier de Guyane la 1ère :