Aujourd’hui, François Ringuet, maire de Kourou et président de la CCDS, répond à nos questions.
François Ringuet: On s’est organisés avec une petite équipe très réduite. C’est en fait autour du bureau avec la direction générale, les Ressources Humaines et l’Etat civil, une partie du service technique et la police municipale que l’on voit en mairie. L’organisation fonctionne et pour le moment ça se passe bien dans la gestion communale.
Quelles sont les priorités pour vos équipes ?
François Ringuet: C’est vraiment la partie Covid-19 qui occupe la majeure partie du boulot effectué. Il y a aussi l’hygiène et la réglementation des marchés puisque nous avions fermé les marchés et là, on a rouvert un marché des producteurs.
On essaie vraiment d’être à l’écoute de la population. Nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux puisque dessus on voit vraiment les besoins et inquiétudes de la population. Et nous essayons d’y répondre.
Les habitants de Kourou ont-ils répondu aux appels et messages de prévention de sécurité et qu’en est-il du confinement ?
François Ringuet: Je dois dire que Kourou a vraiment joué le jeu par rapport au confinement, on a de bons retours. Il est vrai qu’il y a quelques personnes qui continuent à faire du sport l’après-midi… ça reste compliqué de dire aux gens de ne pas faire du sport en groupe. Mais pour le reste, je suis assez satisfait des résultats et surtout du respect global du confinement et, du couvre-feu.
Vous avez utilisé un drone et des véhicules sonorisés pour diffuser les messages de prévention et de sécurité, il a fallu intensifier ces passages en langues multiples, est-ce que pour vous c’est aussi l’une des clés de la réussite à Kourou ?
François Ringuet: Les gens acceptent bien cette forme d’information de grande proximité. Et jusqu’à maintenant, nous avons des véhicules qui passent, notre choix est de faire des passages quasiment tous les jours. Ce sont des messages pour rappeler aux gens l’importance de rester chez eux. L’utilisation du drone, c’est vrai que c’est un nouveau concept que nous utiliserons par la suite pour d’autres manifestations, en sport par exemple. Franchement, on a la chance d’avoir des gens qui ont compris la dangerosité du virus et l’importance de se protéger. En prime, il y a une solidarité qui s’est créée. Il y a un groupe de bénévoles qui a rejoint nos équipes, ils font partie de la réserve communale de sécurité civile qui assure la distribution des sacs alimentaires. Il y a aussi l’association AKATIJ, c’est vraiment un groupe de réserve très actif qui effectue un gros boulot au bénéfice de la population.
« notre priorité est vraiment d’être au service de la population »
Comment avez-vous mis en place l’aide aux familles et personnes précaires, est-ce qu’il a fallu renforcer le maillage du territoire pour ne laisser personne de côté ?
François Ringuet: A propos des personnes en situation difficile, on avait déjà un premier listing à travers les actions de la CCDS et puis moi-même, j’ai gardé la délégation sociale donc je suis vraiment au fait des situations. Tous les mois, on accompagne les gens en situation difficile et précaire. Mais il faudrait certainement développer par la suite d’autres dispositifs d’accompagnement. C’est important puisque il y a des gens qui sont en location et qui ne s’en sortent pas. A côté de ceux-là, il y a ceux qui vivent dans des habitations illégales, cela peut aussi concerner par exemple des fonctionnaires en surendettement. Ces gens-là doivent être suivis et le sont par la CCDS puisque le CIAS a été absorbé par la CCDS. C’est notre mission, notre rôle.
Vous présidez la CCDS (communauté des communes des Savanes). Avec cette crise sanitaire, aujourd’hui, comment gérer l’institution avec vos collègues ?
François Ringuet:
La gouvernance est quand même assez compliquée puisque nous avons deux situations un peu différentes sur Sinnamary et sur Iracoubo. Le maire sortant de Sinnamary n’a pas été réélu et il est encore en fonction donc du coup, il faut vraiment que les maires encore au pouvoir continuent à jouer le jeu jusqu’au bout.
Il faut demander de l’aide à la CCDS pour la population, il ne faut pas que les gens lâchent en fait… Iracoubo ça va, pas de souci même si il y a un deuxième tour mais, le maire fait appel à la CCDS pour accompagner sa population. C’est quand même assez spécial dans une période où la population attend beaucoup. Ce que l’on fait, c’est que c’est moins politique et l’on s’adresse directement aux services sociaux notamment. Nous n’avons pas besoin forcément du politique pour prendre des décisions dans le domaine de l’aide aux habitants, dans le social, notre priorité est vraiment d’être au service de la population.
La fin du confinement, est-ce que cela suscite chez vous des inquiétudes quant aux situations et dossiers à gérer ?
François Ringuet: La première chose c’est à quand la rentrée scolaire ? Pour nous, il faudra préparer les écoles et les nettoyer à fond. La sécurité et la préparation ne consistent pas uniquement à remettre les chaises en place.
Il faudra faire une désinfection totale avec des produits adaptés pour l’ensemble des bâtiments publics. Il est évident qu’il faut que l’on ait assez de temps pour réaliser des interventions de haute qualité pour faire un vrai nettoyage.
Ce type d’intervention, c’est ce que nous avons prévu aussi bien dans les écoles, que les marchés ou encore la ville elle-même et les espaces publics avec des produits adaptés à la circonstance. On va décaper la ville.
« toujours expliquer en priorité »
Il y a eu justement cette lettre de l’association des maires à l’adresse de la population de Guyane…
François Ringuet: …Dans toute chose, il ne faut pas obliger les gens à faire quelque chose. Il faut, selon moi, toujours expliquer en priorité.
Pour moi, le fait de porter le masque va permettre de réduire le nombre de cas.
Quand on oblige les gens, on se retrouve avec des freins, des barrières. Par contre, faire un communiqué et surtout faire dans la pédagogie pour leur propre sécurité, je pense que le message est accepté et reçu par la population. A mon avis, les services de l’Etat vont forcément bien appréhender une telle initiative. En réalité, il s’agit de proposer une alternative aux gens par rapport au confinement strict. Ceci dit, il faut toujours faire attention quand on est à la tête d’une collectivité. Quand on doit obliger c’est difficile.
Par contre, on se rend compte qu’à force d’explication et de proximité, les gens comprennent et pensent ainsi à leur propre sécurité.
Le maire est considéré comme l’élu de proximité par excellence, vous avez pu le vérifier encore pendant cette période ?
François Ringuet: Le rôle du maire est vraiment d’expliquer, de répéter encore et encore s’il le faut. Le maire est un peu au centre du système et il entend beaucoup. Cela permet donc d’intervenir pour réguler, conseiller, recommander et faire en sorte que le message soit approprié au final. Vous savez depuis le début du confinement, il n’y a eu que 300 PV sur une population de 26.000 personnes, c’est peu en réalité et ce ne sont pas tous des habitants de Kourou donc
il faut maintenir cet effort collectif. On va s’en sortir.
Quel est votre message à l’attention de la population aujourd’hui ?
François Ringuet:
Plus on restera confinés et plus le résultat sera meilleur pour nous tous et plus vite on sortira par la suite du confinement.
Je pense que les aides-soignants, les soignants et les médecins risquent d’être débordés dans les semaines à venir puisque l’on sait qu’il y a un décalage d’environ 10 jours entre les outre-mer et l’hexagone et chez nous.
C’est pourquoi je demande à la population du territoire des Savanes de rester encore confinée au maximum.
Pour l’instant, nos résultats ne sont pas si mauvais que ça donc, je demande aux gens de jouer le jeu et surtout, de porter le masque dans tous les déplacements, de faire attention. Si vous n’avez pas de masque, il faut s’en procurer mais mettez le masque. Pour moi c’est une deuxième parade pour faire barrage… En équipe soudée, on va gagner.