Il faut se souvenir que ce pont appelé Madame de Maintenon a été voulu par un ancien maire, Roland Verderosa. Construit en 1956 et mis en service en 1958 pour remplacer le bac utilisé pour traverser le fleuve Sinnamary, il permettait alors de retrouver la continuité de la route nationale pour arriver à Iracoubo et poursuivre ainsi de bac en bac jusqu’à Saint-Laurent-du-Maroni. Il s’agit d’un pont Bailey conçu en général pour un usage militaire. Il mesure 140 m de long et 5 m de large.
Un pont qui a nécessité 7 ans de travaux
Pour l’instant, le pont de Sinnamary situé en plein bourg est encore emballé car il fait l’objet d’un traitement spécifique pour évacuer le plomb de l’ancienne peinture qui recouvrait l’armature métallique. Il se trouve en réfection depuis août 2015. Le maire Michel-Ange Jérémie annonce la réouverture à la circulation de cet ouvrage d'art pour le mois de septembre et c’est un grand bol d’air pour tous les habitants précise t-il:
« Le chantier a pris quasiment un an de retard car il a fallu faire des travaux de décontamination mais selon les prévisions, il sera livré au mois de septembre et il aura coûté 8 millions. Il y a eu 3 marchés, celui pour la réparation globale pour un montant de 4 millions, un autre pour le renforcement des fondations qui s’élève à 1,5 million et pour la décontamination et la peinture, la facture est de 2,5 millions… La structure était contaminée au plomb et pour que ce plomb ne tombe pas dans l’eau au moment des opérations, il a fallu emballer le pont…»
S’il a fallu patienter pour retrouver un pont opérationnel, la municipalité a maintenant toute latitude pour lancer les projets concomitants qui vont dynamiser l’activité dans la commune :
« Nous allons aménager les berges, il y aura un belvédère, le pont sera mis en lumière, la place « en ba mang » sera réaménagée pour un coût total de 2 millions d’euros. Nous faisons tout pour permettre la réouverture du restaurant le «Pakira». Nous prévoyons un petit centre artisanal au centre bourg. Une réflexion est engagée pour reprendre la fabrication de fleurs en plumes. Tout cela va générer du flux dans cette zone…» explique le maire.
Vers une redynamisation touristique de la commune
Le vœu de la municipalité est de faire de Sinnamary un point de passage obligé pour les touristes. Selon Michel-Ange Jérémie, si le départ au mois de mars de la clientèle russe après l’arrêt du programme Soyouz, a pu faire craindre des difficultés pour les hôteliers, ces derniers ont su se réinventer. Ils proposent des prestations pour une clientèle endogène qui se déplace. Il y a maintenant des animations tous les week-ends avec des formules pour les familles entres autres offres. Cette année, la commune accueille le Tour de Guyane pour deux étapes. Il faut loger la caravane et organiser les accueils.
Le secteur culturel n’est pas oublié. Certes, la traditionnelle fête communale n'est pas au programme de 2022, mais elle reviendra en 2023 après l’ouverture du pont. Mais au mois d’octobre, se tiendra le premier festival de gragé, le rythme traditionnel tambouyen issu de la commune. Un événement mené en partenariat avec des universitaires qui tiendront conférences en même temps que se dérouleront les démonstrations, les spectacles avec les associations folkloriques.
Une usine biomasse à Petit-Saut
Il y a d’autres grands projets dans les cartons communaux dont celui de Petit Saut qui va amener des techniciens des ingénieurs qui seront basés à Sinnamary. En effet, il est prévu la construction d’une usine biomasse et d’une cité lacustre avec une scierie pour les bois immergés à haute densité et haute valeur ajoutée. Une scierie qui sera exploitée par la société Triton et dont les résidus seront utilisés dans l’usine biomasse pour produire de l’électricité annonce le maire.
Un port de pêche modernisé et un centre de formation
Autre secteur sur lequel le maire et son équipe ont travaillé, celui de la pêche :
« Notre port de pêche a été retenu sur le plan de relance. Nous partons sur un projet de modernisation de la filière pêche en général. Il est évalué à 5 millions d’euros. Nous avons déjà réalisé des travaux d’urgence pour 900 000 euros (Europe, état, commune). Cela devrait arriver à terme sans trop de difficultés. Il faut se rappeler que Sinnamary et Iracoubo produisent quasiment 70% de la ressource halieutique consommée en Guyane. Pour nous, la pêche représente vraiment une filière d’excellence…».
Dans la continuité de cette revalorisation du secteur pêche, une MFR (Maison familiale rurale) soit un centre de formation, va voir le jour. Il va proposer des formations autour de la pêche – réparateur de moteurs hors-bord, de filets, ou encore la transformation du poisson, par exemple.
La MFR devrait être opérationnelle au mois d’octobre juste après l’ouverture du pont. Le maire fonde beaucoup d'espoir sur cette dynamique enclenchée à Sinnamary qui fera de sa commune, une étape incontournable du développement du pays des Savanes.