Un niveau alarmant
Sur les routes du Surinam, le balai de ces camions chargés de bois est désormais incessant dans toute la moitié nord du pays.Pour les organisations impliquées dans la défense de l’environnement, comme le WWF, l’exploitation de la forêt atteint un niveau alarmant.
Laurens Gomes, représentant du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) au Surinam et au Guyana explique :
« Il est évident que la production de bois connaît une croissance importante. Pour nous, c’est une inquiétude. Pour d’autres, cela peut-être considéré comme une bonne chose. Le Surinam a évalué que ses exportations de bois pourront atteindre un million de mètres cubes par an, nous n’en sommes pas encore à ce niveau. Un million de mètres cubes, c’est l’objectif retenu par le Surinam pour une production durable. »
Le bois une ressource majeure
Le bois est devenu une ressource majeure pour le pays, notamment grâce à la Chine.
Wilco Finisie, directeur des services du ministère du Développement régional précise :
« Le bois part dans différentes parties du monde. Il va aussi bien en Europe, en Indonésie, et il part en Chine en effet. Mais je pense que la plus grande part est destinée à la Chine, qui est très intéressée par les grands grumes du Suriname, les grands arbres tropicaux. Donc les Chinois sont ceux qui achètent le plus de bois en provenance des forêts du Surinam. »
Des investissements lourds
Les entreprises forestières sont prêtes à investir lourdement pour accéder aux arbres convoités. Allant même jusqu’à édifier des infrastructures importantes dans l’intérieur du pays.Romeo Ramjiawan, responsable régional, direction des aires protégées, ministère de la Gestion des terres et des forêts (ministery of Spatial planning, land and forest management) est rassurant :
« Il y avait une route qui allait jusqu’à Atjoni, sur le fleuve Suriname, mais avec l’industrie du bois, l’industrie forestière, les Chinois l’ont prolongée, ce qui rend possible l’accès à Aconcongri et Posugrunu. Et donc cet endroit est désormais accessible par la route aussi bien pour les villages Marrons que pour leurs voisins. Maintenant, vous n’avez plus à faire le voyage en pirogue pendant une semaine, deux semaines. En une journée, six heures, vous êtes à Paramaribo. »
Une route près d'une aire protégée
Romeo Ramjiawan s'interroge :
« Je pense qu’ils ont passé un accord avec les villageois qui ont pu trouver du travail comme bucherons, opérateur sur les machines, ou quelque chose comme ça. Et avec cet accord, ils nettoient, ils défrichent – selon moi c’est un véritable accord. Le seul problème, c’est qu’ils abattent du bois et les animaux disparaissent. Alors pour la chasse, avec le bruit des engins, les chasseurs sont obligés d’aller plus loin. »
Des tensions sur place
Laurens Gomes, représentant du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) au Suriname et au Guyana explique :
« L’impact est réel. Un exemple, l’une des situations les plus extrêmes se trouve sur le haut du fleuve Surinam, où désormais chaque année nous constatons une augmentation du nombre d’attaques de pumas, ce qui n’était pas arrivé depuis des années et des années. »
L’exploitation de plus en plus intensive du bois pousse les animaux sauvages vers les villages, faisant ainsi naître de nouveaux conflits.