Témoignage : Tamangoh, un pro de la claquette contre le "100 % contrôles"

Artiste Tamangoh proteste contre le dispositif 100 % controle
Le 23 mars, l'artiste guyano-américain Tamangoh a réalisé un spectacle de claquette devant l'aéroport Felix Eboué. Une façon de protester contre le dispositif "100 % contrôles", installé pour lutter contre le trafic de drogue et accusé de dérives liberticides.

"Moi un artiste local ? Non je suis connu à l'international mais ici, on ne me connaît pas ici, sinon, on ne m'arrêterait pas systématiquement", rigole Tamangoh, claquettes au pied, devant l'aéroport international Felix Eboué. Alors que le vol de 16 h 15 en provenance de Paris vient de débarquer, l'artiste guyano-américain, qui se produit de Paris à New York en passant par Cayenne prépare un spectacle un peu spécial. Une danse de claquettes et surtout, de "revendication" contre le dispositif "100 % contrôles" installé en octobre 2022 et dont l'objectif est de lutter contre le trafic de drogue.

"Je viens revendiquer ma liberté d'artiste d'aller et venir où je veux quand l'art m'appelle. Quand je passe par la Guyane, je suis systématiquement arrêté car on me prend pour une mule potentielle. Ça fait la quatrième fois, je suis fatigué", confie-t-il. Devant les regards impassibles de la police aux frontières, l'artiste enfile un masque de cheval et commence à faire rythmer ses pieds. Autour, une dizaine de membres de l'association Trop Violans, qui a dénoncé à de nombreuses reprises le dispositif applaudit.

"Les contrôles dans un aéroport, c'est normal mais nous ne sommes pas d'accord avec le fait de bloquer systématiquement l'entrée, de mépriser, de malmener et d'empêcher les gens de prendre l'avion. Nous continuons à dire non à cette mascarade qui ne lutte pas contre le trafic de drogue"

Ivane Goua, porte parole de l'association Trop Violans

Depuis sa mise en place en octobre 2022, le dispositif "100 % contrôles" visant à lutter contre le trafic de drogue a été dénoncé à de nombreuses reprises par des passagers qui estiment avoir été victimes de "délit de faciès". "On me met à l'écart, on me demande d'uriner pour voir ce que j'ai mangé, alors qu'ils savent très bien qui je suis, je me sens sali car c'est salissant", insiste l'artiste claquettiste. De leur côté les services de l'Etat renvoient vers le premier bilan qu'ils jugent positif, dressé à l'occasion du premier anniversaire du dispositif.

Entre le 31 octobre 2022 et le 10 novembre 2023, 808 kilos de drogue ont été interceptés et 574 personnes interpellées, selon les chiffres de la préfecture. De l'autre côté, de nombreux passagers ont saisi la justice en référé liberté pour dénoncer une entrave à la liberté, notamment l'artiste Tamangoh qui se dit prêt à recommencer. Selon l'association Trop Violans, ils ont eu à chaque fois, gain de cause.