- Marie-Anne Clair, vous avez signé dernièrement un accord avec les syndicats pour l'avenir du Centre Spatial Guyanais, on s'inquiétait d'un plan social. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Effectivement nous avons signé un accord et j'ai signé en tant que présidente de l'Union des Entreprises de la Base Spatiale, j'insiste là-dessus. Ça a été un travail collectif de discussions, entre les industriels de la base et les syndicats, pour trouver une façon d'accompagner les salariés qui vont devoir nous quitter dans les mois qui viennent.
En fait, Ariane 6 est un lanceur qui a vocation à être très compétitif. Sur la base, également, nous avons des objectifs de compétitivité. Donc il se trouve que, à horizon de la montée en cadence d'Ariane 6, nous avions besoin de baisser les effectifs de la base. On a trouvé le moyen, avec les organisations syndicales, d'accompagner les salariés avec des dispositifs intéressants qui, d'une part, permettent à ceux qui ont envie de créer de nouvelles entreprises d'avoir un moyen financier de les aider pour ses créations et également de les former ; et puis, pour ceux qui sont arrivés à l'âge où ils peuvent faire valoir leurs droits retraite, de les accompagner également dans cette démarche.
De façon également intéressante avec cet accord, il y a des projets de formations pour ceux qui se reconfigurent et qui vont trouver un autre métier sur la base spatiale.
- Concrètement, combien de personnes restent "sur le carreau" ?
"Sur le carreau", je ne sais pas exactement ce que cela veut dire... Puisqu'on va supprimer 190 postes. Sur 190 postes, il y a à peu près 40 postes qui vont être des suppressions d'emplois détachés, en mobilité, ça veut dire que ça n'a pas d'impact sur les salariés guyanais de la base spatiale. Donc ce sont 150 postes qui vont être supprimés, et on espère bien qu'on va pouvoir accompagner tout le monde, donc il n'y aura pas de laissés sur le carreau justement.
- Un rapport de la Cour des comptes fait état de vos relations avec la Guyane. Le CNES n'a pas vocation à aider la Guyane, qu'est-ce que vous en dites ?
On s'est exprimé auprès de la Cour des comptes. Effectivement ils relèvent que ça ne fait pas partie des missions du CNES que d'aider le développement économique d'un territoire au-delà de l'activité spatiale... C'est exact. Mais il se trouve qu'en Guyane, la situation est quand même ce qu'elle est. Nous sommes sur un territoire qui nous accueille et nous voyons bien, autour de nous, que nous pouvons aider au développement économique. Notamment au travers de certains projets - c'est ce qu'on a fait d'ailleurs avec Guyane Connectée : combler les écarts - et vous le savez que c'est un projet porté par le Rectorat, mais sur lequel le CNES joue un rôle majeur d'organisation de projet et d'expertise au niveau des connexions et des communications satellitaires.
Donc là, on a vraiment une carte à jouer et nous pensons au CNES que notre rôle, c'est aussi d'aider la Guyane dans son développement.
- Demain, dernière Ariane 5, vous êtes confiante ? Vous êtes dans quel état d'esprit ?
On est ému ! On est très ému, parce que c'est une génération entière... d'ailleurs c'est notre slogan, "génération Ariane 5". Cela fait quand même 27 ans qu'Ariane 5 est lancée depuis le CSG et ça fait quand même 35 ans, peut-être même 40, qu'Ariane 5 est sortie des premiers bureaux d'études du CNES en l'occurrence, puisque c'est le CNES qui est à l'origine de ce projet. Donc c'est beaucoup d'émotions pour nous tous sur la base aujourd'hui.