VIDÉO. Les chiffres clés de la population guyanaise relevés dans l'étude "Migration, Famille et Vieillissement"

Démographie : les chiffres clés de la population guyanaise
Les premiers résultats de l'enquête "Migration, famille et vieillissement"en Guyane ont été dévoilés le 12 décembre à l'Institut National de la statistique et des études économiques (INSEE), à Cayenne. Cette étude, menée par l'Institut national d'études démographiques (INED), révèle la structure de la population ou encore son état de santé.

Pour la deuxième fois, l’institut national d'études démographiques s'est penché sur les thématiques des Migration, de la Famille et du Vieillissement en Guyane. Après une première étude "MFV" effectuée en 2009 et 2010, l'INED et l'INSEE ont récolté de nouvelles données en 2020 et 2021.

Cette étude concerne la Guyane mais aussi la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. Présentés ce mardi 12 décembre, les chiffres ne font que confirmer les tendances observées la première fois, selon Claude-Valentin Marie, conseiller pour l’Outre-mer auprès de la direction de l’INED.

Ce sont les mêmes dynamiques que nous avons retrouvées, qui se sont consolidées d'une étude à l'autre. Si on prend ces résultats là, dans leur projection, cela nous permet de dire que c'est maintenant qu'il faut mettre en place un certain nombre d'éléments pour répondre aux questions qui se posent en 2020.

Claude-Valentin MARIE

L'étude a été réalisée sur la période de janvier 2020 à décembre 2021, soit durant près de 2 ans. 2 700 personnes y ont participé (1 119 hommes et 1 583 femmes). Il s'agit d'un échantillon représentatif de la population du littoral, âgée de 18 à 79 ans.

60% de la population adulte n’est pas née en Guyane

Parmi les chiffres clés, l'étude démontre que la majorité des personnes vivant en Guyane n’y est pas née ou est d’origine étrangère.

  • 60% de la population n’est pas née en Guyane (la plupart est issue d'Amérique du Sud, des Caraïbes, de l'Hexagone et des autres territoires d'Outre-mer).
  • Parmi les natifs de Guyane (soit les 40% restants), 41% n’ont aucun parent né sur le territoire. Ce chiffre était de 24% lors de la première étude.

On apprend aussi que 25 % des natifs de Guyane qui y vivent ne l’ont jamais quittée. Cette sédentarité s’accompagne de difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Les "natifs sédentaires" sont les plus pauvres, avec un niveau de vie mensuel médian qui s’élève à 726 €. Par ailleurs, 43 % d’entre eux sont sans diplôme.

La fécondité toujours très élevée

Autre chiffre marquant, qui concerne la famille cette fois :

  • L’étude confirme que la fécondité est très élevée en Guyane. Le taux de fécondité moyen des femmes nées dans les années 80 est de 2.1 enfants à 30 ans.
Le nombre moyen d’enfants par femme augmente légèrement dans les générations les plus récentes, selon l'étude MFV de l'INED et l'INSEE
  • Les grossesses précoces restent importantes également. 29 % des femmes des générations 1990-99 déclarent avoir eu un enfant avant 20 ans, soit un nombre supérieur à celui des générations précédentes : 27 % pour la génération née en 1950-59, 26 % pour celle de 1960-69 et 25 % pour celle de 1970-79.

Les femmes âgées sont moins aidées par leurs proches

Sur le volet vieillissement et l’état de santé de la population, l'INED indique que les femmes âgées sont beaucoup moins aidées qu’elles ne l’étaient 10 ans auparavant. En 2020, les femmes de 65 à 79 ans sont 30 % à recevoir l’aide d’un proche, contre  48% en 2010.

Néanmoins, la situation des femmes en termes de limitations d’activités s’améliore, mais pas celle des hommes. Parmi les 50-79 ans résidant en domicile ordinaire, 36 % des hommes et 33 % des femmes se disent limités dans leurs activités quotidiennes depuis au moins six mois en raison de problèmes de santé.

Et pour cause, les problèmes fonctionnels rencontrés par les hommes vivant en Guyane sont beaucoup plus générateurs de limitations d’activité que ceux des femmes : 73 % des hommes avec des difficultés pour marcher sont également limités dans leurs activités quotidiennes.

La pratique du créole guyanais en recul

Enfin, l’étude se penche sur les pratiques linguistiques. L’INED note que la pratique de la langue créole est en recul.  En 2020, 22 % des natifs de Guyane parlent créole à leurs enfants, contre 35% en 2010. Même constat pour les échanges entre conjoint.

La pratique du créole en recul pour les natifs de Guyane

Pour autant, 86% des participants à l’enquête souhaitent que le créole soit enseigné à l’école.

Pour aller plus loin...

Didier Breton, chercheur associé à l'INED, a participé à cette enquête. Invité du Guyane Soir ce 12 décembre, il évoque notamment la méthodologie employée. Il est interrogé par Leilia Chérubin-Jeannette.

Dedier Breton - Invité du journal du 12 décembre

Quant à l'étude de l'INED en collaboration avec l'INSEE, elle est consultable ici.