Violence contre les soignants : les réponses de la préfecture

Le 22 mars, les représentants du monde médical ont rencontré les services de l'Etat en Guyane.
A l'issue d'une réunion avec les représentants du monde médical, samedi 22 mars, le préfet Antoine Poussier a annoncé une série de mesures pour lutter contre les violences envers les soignants, dont l'élargissement du dispositif "boutons anti agressions", déjà expérimenté à Cayenne.

Après près de deux heures de réunion entre les services de l’Etat et les représentants du secteur médical, la préfecture de Guyane a annoncé plusieurs mesures visant à garantir la sécurité des personnels de santé, échaudés par les agressions de ces derniers mois.

Cette rencontre entre le collectif de « référents sécurité » des professionnels de santé guyanais avec le Préfet, épaulé par des représentants de la gendarmerie nationale, de l’Autorité régionale de santé (ARS) et de la police nationale, faisait suite aux agressions violentes dont ont été victimes deux infirmières à Maripasoula et Matoury, en moins de 48 heures, la semaine dernière. Vendredi, des rassemblements avaient été organisés, suivis d'un arrêt total des soins pendant une heure.

Dispositif anti-agressions

Premièrement, le dispositif des "boutons anti-agressions" permettant aux soignants d’être instantanément géolocalisables par la police va être élargi. À ce jour, ils n’étaient distribués qu’à 35 infirmiers libéraux, six sages-femmes et huit médecins libéraux dans le cadre d’une expérimentation sur Cayenne.

Le nombre de boutons délivrés aux soignants volontaires va être amené à "doubler", précise la préfecture. Dans le reste du territoire, sous la compétence de la gendarmerie, les professionnels pourront s’enregistrer auprès des forces de l'ordre afin d'être considérées comme "personnes à risques" et "priorisées" lors d’un appel au 17.

La préfecture a par ailleurs annoncé que des "formations self-défense" seraient proposées aux soignants volontaires et que les forces de l’ordre procéderont à des audits de sécurité dans les cabinets et logements mis à disposition du personnel, notamment à Maripasoula.

"Nous avons convenu de nous rencontrer au moins une fois par an pour apprécier le sujet de la sécurité des soignants et faire évoluer ces dossiers afin de les rendre le plus efficace possible", conclut le préfet Antoine Poussier.

À la sortie, les différents représentants du secteur médical – pharmaciens, infirmières et médecins libéraux – se sont réjouis de "réponses concrètes", reprenant globalement leurs propositions.

"Cette réunion a permis de clarifier certains points et de reprendre contact car ce travail sur la sécurité avait déjà été entamé en amont. Nous avons pu clarifier certains points concernant ce qui existe déjà sur le territoire, ce qui permettra de donner aux collègues une information claire et cohérente. Cela a aussi permis de clarifier là où il y avait des manquements et de trouver des améliorations pour lever les freins »

Awatef Argoubi, infirmière libérale, chargée de la sécurité au sein de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS)

Ces violences envers le personnel soignant sont loin d’être des phénomènes isolés. Le sujet était déjà arrivé sur la table préfectorale en avril 2024, suite au meurtre de la pharmacienne Hélène Tarcy-Cétout, à Saint-Laurent-du-Maroni et à la mobilisation du monde médical qui en a découlé.

65 professionnels agressés par jour

Au-delà de la Guyane, il s’agit d’un problème d’ordre national auquel un plan gouvernemental en 42 mesures, lancé fin 2023, est censé répondre. Selon le ministère de la santé, chaque jour, en moyenne, 65 professionnels sont victimes d’agression physique ou verbale. Ce chiffre augmente constamment depuis plusieurs années.

À en croire un recensement de l’Ordre national des médecins, les incidents visant des praticiens ont augmenté de 27% entre 2022 et 2023. Des chiffres sous-estimant sûrement la réalité, une grande partie des agressions n’étant pas suivies d’une plainte.

Selon l'Observatoire National des Violences en milieu de Santé (ONVS), les infirmiers subissent 45 % des violences recensées. Quant aux motifs, une agression sur deux serait liée à un "reproche relatif à une prise en charge", ce qui en fait de loin la première raison, devant les "refus de soin" ou le "temps d’attente jugé excessif".