Le concours Voix des Outre-Mer 2021 s’est achevé le 10 janvier 2022. Il a été remporté par le candidat Angélord Blaise, originaire d’Haïti. Cette année, les participants venaient de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Pierre et Miquelon, de l'Océan Indien, du Pacifique mais aussi d'Haïti. La Guyane a été représentée par Pierre Olguens Mathieu, 35 ans. Ce professeur de physique-chimie au collège Lise Ophion (Matoury) n’a pas remporté de prix à l’issue de la rencontre nationale. Néanmoins, le baryton repart de cette aventure avec les yeux remplis d’étoiles. Dans un entretien, il revient sur sa riche aventure musicale.
Comment s’est déroulée la finale nationale ?
On a travaillé d’arrache-pied pour préparer la finale, dans une ambiance très conviviale. A la fin, j’ai eu un sentiment d’accomplissement. L’objectif pour moi, était de représenter valablement le territoire de la Guyane. Je n’ai pas eu de prix mais je pense l’avoir bien représenté.
Quelle chanson avez-vous choisi d’interpréter lors de la finale ?
J’ai choisi de chanter un morceau intitulé "Questo amor, vergogna mia". Il parle de l’histoire d’un garçon qui aime une fille. A chaque fois qu’il lui avoue qu’il l’aime, elle se moque de lui. Après tout ce qu’il a fait, il décide de laisser tomber cette relation car il n’y arrive jamais. Finalement, il considère cette relation comme une honte. J’ai un ami de que j’embêtais car il aimait une fille, mais elle ne voulait pas de lui, alors il insistait. Quand je suis tombé sur le morceau, j’ai pensé à lui et je me suis dit : "Ah ! Ça va être bien."
Quel a été le moment le plus marquant de votre aventure ?
Quand je suis arrivé sur la scène de l’Opéra de Paris ! C’est un rêve qui s’est réalisé. J’ai fait le nécessaire pour y arriver : j’ai participé trois fois au concours Voix des Outre-mer de Guyane pour être ici.
Qu’est-ce que votre passage au concours Voix des Outre-mer vous a apporté ?
J’ai rencontré pas mal de personnes, comme la pianiste japonaise Kazuko Awashima. D’autres finalistes m’ont aussi entendu chanter, sont venus vers moi et m’ont encouragé. Ils m’ont dit qu’avec l’instrument que j’ai, même si je n’ai pas reçu de prix, j’ai la possibilité de faire une carrière. Ils m’ont beaucoup inspiré. Jusqu’à présent, on discute via WhatsApp. On s’échange des conseils, parce que pour faire carrière dans la musique classique, il faut être entouré.
Aujourd’hui le concours est fini, comment se déroule le retour à votre vie d'enseignant ?
Pour l’instant, il n’y pas de démarcation entre ces deux vies-là. Quand j’enseigne, je ne suis pas chanteur, mais les deux se marient très bien. Mes élèves savent que je chante depuis ma première participation au concours. A chaque récréation, ils venaient vers moi : "monsieur, on compte sur vous !" Ce sont des élèves formidables ! Tous les jours, il y a deux à quatre élèves, de 6ème surtout, qui viennent me voir. Ça me touche vraiment. J’ai aussi effectué ma prestation dans l’objectif de les rendre fière.
Un mot pour les Guyanais qui souhaitent se lancer dans la musique classique ?
En Guyane, il n’y a pas 1000 opportunités pour les personnes qui font de la musique classique. Le concours des Voix des Outre-mer est l’une des rares opportunités. Au conservatoire, il y a des professeurs qui nous forment, mais il n’y a pas de spectacle ensuite, par exemple. Le message que je veux lancer aux jeunes est le suivant : l’édition 2022 du concours débutera prochainement, s’ils ont envie de se lancer dans la musique classique, ils devraient profiter de l'opportunité qu’offre ce concours. Pour moi, ça a été une très bonne expérience.