Le WWF France interpelle le Président de la République. L’organisme souhaite le renforcement de la coopération entre le Brésil, le Suriname et la France pour intensifier la lutte contre l’extraction d’or illégale. La situation est alarmante, notamment dans le bassin du Maroni.
Lors de sa visite en Guyane en octobre 2017, rappelle le WWF, le Président de la République avait émis ce constat : “Nous devons donc conditionner nos aides et nos relations diplomatiques avec nos deux voisins en particulier, par aussi une coopération policière et judiciaire contre l'orpaillage illégal”.
Depuis, le constat est toujours alarmant, malgré le renforcement des moyens humains et matériels de lutte contre l’orpaillage clandestin. Le conseil scientifique du Parc Amazonien de Guyane, a lancé une alerte en décembre dernier sur l’état du fleuve Maroni - marquant la frontière entre le Surinam et la Guyane - dévasté par l’orpaillage illégal. En une quinzaine d’années, le nombre d’hectares impactés a presque été multiplié par 10, constate WWF : 4 800 ha affectés en 2001 contre 45 000 en 2018.
Autre point noir, la présence importante de mercure dans les eaux du fleuve. Le mercure, métal pourtant interdit en Guyane, est en effet encore couramment employé par une majorité d’orpailleurs illégaux pour extraire l’or.
Fin janvier 2023, les équipes du WWF France en Guyane ont mesuré d’importants taux de turbidité (sédiments dans l’eau) sur différents affluents du Maroni : jusqu’à 900 NTU. Un taux révélateur, d’une activité forte d’orpaillage illégal en amont. Libéré, le mercure pénètre les chaînes alimentaires, contaminant les populations.
Renforcer la coopération
95 % du personnel impliqué dans l’orpaillage illégal est originaire du Brésil et 80% de la logistique est acheminée à partir des rives surinamaises. Selon WWF "mettre fin à l’orpaillage illégal passe donc nécessairement par une réponse étatique au niveau du Surinam, du Brésil et de la France".
Il faut agir en amont sur les bases arrières de l’orpaillage illégal sont u Brésil et essentiellement au Surinam ces dernières années. C’est le constat qu’avait dressé le Président de la République lors de sa visite en Guyane en 2017. Il avait lui-même envisagé de conditionner les relations diplomatiques à une régulation à une résolution de la problématique cinq ans après force est de constater qu’il reste encore énormément de chantiers illégaux actifs et donc un énorme chantier pour la diplomatie française et des homologues du Brésil et du Surinam (...) Ce qui bloque c’est d’abord le volet diplomatique. On a eu des accords franco-brésiliens ratifiés entre 2008 et 2013 avec très peu de conséquences opérationnelles une déclaration conjointe avec le Surinam et très peu de déclinaisons concrètes, si ce n’est une nette diminution des berges.
En début 2023, 280 chantiers illégaux actifs étaient comptabilisés. Ces chiffres sont en baisse depuis trois ans : 500 sites clandestins début 2020, 400 un an plus tard, 280 aujourd’hui. La gendarmerie estime à 35 millions d’euros le dommage infligé aux clandestins.
Si les autorités marquent des points contre la logistique de l’or clandestin, l’activité illégale continue grâce à l’appui des bases arrières des pays voisins.
Le Surinam a signé également la convention de Minamata visant à interdire de l’usage du mercure dans l’orpaillage, mercure toujours vendu sans contrôle sur la rive surinamaise du Maroni.
Les saisies de mercure restent modestes : 59 kg saisies l’an dernier, et seulement 5 kg d’or, alors que plusieurs tonnes sont extraites chaque année par les illégaux en Guyane.