Histoire du relais de la flamme : de l'Allemagne nazie à la voix des Aborigènes

Jeux Olympiques de 1936, à Berlin. Un athlète portant la flamme olympique passe devant les jeunesses hitlériennes.
Le saviez-vous ? Le traditionnel relais de la flamme des Jeux Olympiques n'a en réalité rien à voir avec la Grèce antique. Il a été instauré lors des Jeux de 1936, organisé par le IIIe Reich. Retour sur son histoire.

A l'origine, dans la Grèce Antique, les Jeux Olympiques (qui s'appelaient alors Concours olympiques et se déroulaient sur 5 jours) se tenaient au même endroit, à Olympie et il n'existait ni relais de la flamme, et encore moins de flamme. Aux alentours de -776 avant Jésus Christ, ce qui ne s'appelait pas encore les Jeux, rassemblaient des épreuves sportives, mais aussi des concours littéraires et musicaux, en l'honneur du dieu Zeus.

Il existait bien des courses aux flambeaux, les lampadédromies, mais elles n'avaient aucun lien avec les Jeux.

Les Jeux Olympiques "renaissent" en 1896

En 1896, le Comité International Olympique (CIO), créé par le baron français Pierre de Coubertin, remet les jeux antiques au goût du jour, d'abord de façon assez anecdotique. Les femmes en sont longtemps exclues.

Les Jeux Olympiques sont annulés en 1916, en raison de la première guerre mondiale. Mais en 1920, les idéaux de paix et de patriotisme véhiculés trouvent un certain écho : c'est à ce moment-là que sont introduits les cinq anneaux, le serment, la devise et le salut olympique.

En 1928, à Amsterdam, une flamme est allumée pour la toute première fois. Brûlant en haut d'une tour de 46 mètres, elle est censée guider les athlètes vers le site des épreuves par sa fumée le jour, et par sa flamme la nuit. Mais elle reste fixe.

Le relais de la flamme créé par l'Allemagne nazie

En juillet 1936, les Jeux Olympiques sont organisés à Berlin, sous le IIIe Reich qui entend alors profiter de cette occasion pour impressionner le monde. Le culte du corps et de la performance physique tiennent une place importante dans l'idéologie nazie. Avant que le sprinter afro-américain, Jesse Owens, n'y remporte 4 médailles d'or, balayant les théories racistes nazies, Carl Diem, secrétaire général du comité organisateur, propose l'idée d'un relais de la flamme. Idée retenue par Adolf Hitler et Goebbels.

Le sprinter américain Jesse Owens (au centre), lors des Jeux Olympiques de Berlin, en 1936.

Le relais part d'Olympe, en Grèce, alors géré par des archéologues allemands, pour rejoindre Berlin, soit plus de 3 000 km, en passant par des milliers de mains, sans jamais s'éteindre. Ce passage du flambeau revêt alors une symbolique forte et exalte l'Allemagne nazie qui établit un lien entre "les Aryens" et la Grèce Antique, tout en surfant sur la symbolique de la flamme purificatrice, alors que dans le même temps, la persécution envers les Juifs, les tziganes et les opposants politiques avait déjà commencé.

Parcours du relais de la flamme en 1936 pensé par Carl Diem. Et athlète transportant la flamme à l'époque.

En 1940 et 1944, les Jeux olympiques seront annulés en raison de la seconde guerre mondiale, mais le concept de relais de la flamme est resté.

La flamme parfois perturbée, parfois porte-voix

Aujourd'hui, les femmes peuvent participer aux Jeux et, depuis 1968, peuvent également porter le flambeau.

Désormais, symbole de paix, la flamme peut véhiculer des messages forts, comme en 2000, pour porter la voix des Aborigènes d'Australie. Elle peut aussi cristalliser des contestations, comme en 2008, lors des Jeux de Pékin, où elle avait été perturbée lors de son passage à Istanbul, Londres, Paris, San Francisco, par des défenseurs du Tibet ou en 2010, à Vancouver, pour défendre les peuples autochtones du Canada.

Depuis, la flamme olympique va directement d'Olympie au pays organisateur. 

En 2020, l'allumage de la flamme s'était tenu à huis clos, à Tokyo, en raison de l'épidémie de Covid.